Mauvaise nouvelle pour le laboratoire franco-autrichien Valneva. Les Etats-Unis ont suspendu la licence de son vaccin contre le chikungunya, en raison de «quatre nouveaux cas d’effets indésirables graves s’apparentant à la maladie» elle-même. «Cette suspension entre en vigueur immédiatement et implique une interruption de l’envoi et de la vente d’Ixchiq», nom commercial du vaccin, «aux Etats-Unis», a détaillé Valneva dans un communiqué, ce lundi 25 août. Une nouvelle de mauvaise augure pour le laboratoire, qui avait déjà largement échoué à trouver un marché pour son vaccin anti-Covid – à la technologie classique et non basé sur l’ARN messager.
Le vaccin Ixchiq est l’un des premiers à être développés contre le chikungunya, maladie virale transmise d’un humain à l’autre par des piqûres de moustiques. Mais son déploiement a été perturbé par le signalement de plusieurs effets graves, notamment dans le cadre d’une épidémie majeure au printemps à la Réunion, puis à Mayotte. Les autorités sanitaires françaises avaient fait d’Ixchiq un outil central de la lutte contre la maladie dans les départements d’outre-mer, en le recommandant à tous les plus de 65 ans. Mais une vingtaine d’effets graves ont été recensés, tous chez des personnes âgées. Selon le dernier bilan, un décès sur place est très vraisemblablement lié au vaccin.
Dans ce contexte, le produit avait été suspendu par la France, puis l’Union européenne pour les plus de 65 ans, avant que les Etats-Unis suivent cet exemple. Mais l’UE avait réautorisé le vaccin en juillet, jugeant que ces effets secondaires ne remettaient pas en cause son intérêt contre une maladie particulièrement à risque chez les plus âgés.
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A l’inverse, les Etats-Unis, via leur Food and Drug Administration (FDA), ont donc décidé de suspendre le vaccin pour tout le monde. Ils expliquent cette décision par le signalement de nouveaux effets secondaires graves sur le sol américain : quatre chez des patients âgés de 55 à 82 ans. Ce choix «se base sur de graves inquiétudes quant à la sécurité du vaccin, qui semble provoquer des troubles semblables au chikungunya», affirme la FDA sur son site, assurant que «les bénéfices du vaccin ne compensent pas ses risques, selon les scénarios les plus plausibles».
Sans critiquer frontalement la décision de la FDA, Valneva a évoqué une suspension «soudaine» et jugé que les nouveaux effets signalés, étaient «comparables» à ceux déjà connus. Le groupe n’a pas pour l’heure révisé ses prévisions financières, mais dit évaluer l’impact financier que pourrait avoir un retrait définitif du vaccin aux Etats-Unis. Il évoque d’éventuelles «démarches relatives à la décision de la FDA». Il a perdu plus de 25 % à la Bourse de Paris ce lundi matin.
Contexte vaccinosceptique
La décision américaine s’inscrit dans un contexte où nombre de chercheurs s’inquiètent de voir la politique sanitaire des Etats-Unis prendre un tour vaccinosceptique sous l’égide de Robert Kennedy Jr., nommé à la tête du ministère de la Santé par Donald Trump. Dernière annonce en date : l’arrêt du financement dans le développement de plusieurs vaccins à ARN messager, une technologie qui a permis la création des vaccins anti-Covid les plus efficaces. Décision accompagnée de justifications truffées de fausses informations sur la sécurité et l’efficacité de cette technologie.
Au-delà de la politique américaine, cette décision s’inscrit dans un contexte où le chikungunya, jusqu’alors circonscrit aux climats les plus chauds, commence à s’étendre dans des régions tempérées sur fond de réchauffement climatique. La France métropolitaine enregistre ainsi cet été un nombre de cas sans précédent, déjà plus d’une centaine, avec douze foyers de transmission autochtone identifiés.
Mise à jour à 11 h 55 avec plus de contexte.