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Maladie

Chikungunya : opération démoustication après un premier cas détecté dans le Var

Pour la première fois en 2025, un premier cas autochtone de la maladie infectieuse a été détecté mercredi dans la commune de La Crau.
Un moustique tigre photographié dans le sud de la France. (Sebastien Lapeyrere/Hans Lucas / AFP)
publié le 13 juin 2025 à 18h03

L’Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Cote-d’Azur est sur le qui-vive. «Des mesures immédiates sont mises en œuvre pour limiter tout risque de propagation» dans la commune de La Crau (Var), où elle a détecté mercredi un premier cas autochtone de chikungunya, ce virus transmis par le moustique tigre.

Depuis le début de l’année, tous les cas de chikungunya recensés en métropole provenaient de contaminations hors du territoire, essentiellement à la Réunion. L’île est frappée depuis plusieurs mois par une épidémie sans précédent depuis vingt ans de ce virus. Les cas autochtones, qui renvoient aux personnes qui ont contracté la maladie dans l’Hexagone sans avoir voyagé en zone contaminée dans les quinze jours qui précèdent l’apparition des symptômes, sont plutôt rares. Un seul cas avait été détecté en 2024 en métropole, en Ile-de-France, aucun en 2023. Depuis 2010 la France métropolitaine avait connu une trentaine de cas autochtones de ce virus.

Démoustication et enquête épidémiologique

Pour éviter la propagation, l’ARS a notamment procédé à une démoustication dans la commune touchée. Le but est d’éliminer le plus rapidement possible les gîtes larvaires et les moustiques adultes «sur la voie publique et dans les jardins privés situés autour du cas». De même, une enquête en porte à porte va être conduite dans les logements du quartier concerné pour identifier les personnes qui pourraient présenter des symptômes.

Cette année, l’épidémie de chikungunya, qui se traduit par des fièvres et des douleurs articulaires, a surtout frappé l’île de l’océan Indien, avec 23 morts. En déclin, on estime que 200 000 personnes ont été contaminées dans l’île depuis janvier.

Si l’épidémie recule franchement à la Réunion, elle poursuit encore sa dynamique à Mayotte, où elle s’est déclarée plus tardivement. Selon le dernier bilan, 746 cas ont été signalés depuis le début de l’année, mais ce chiffre apparaît probablement sous-estimé.

Une maladie bientôt endémique

Les températures plus chaudes qui touchent actuellement l’Hexagone favorisent l’activité des moustiques tigres, vecteurs de ce virus mais aussi de ceux de la dengue et du Zika. En 2024, il y avait eu également 83 cas autochtones de dengue en métropole, entre les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes.

Apparu en métropole en 2004, le moustique tigre continue en tous cas son expansion rapide sur le territoire, et notamment vers le nord : début 2025 il était implanté dans 81 départements, soit 84 % des départements métropolitains, selon de nouvelles données diffusées mi-mai par Santé publique France. La dengue et le chikungunya pourraient devenir endémiques en Europe en raison du réchauffement climatique mais aussi de l’urbanisation et des déplacements, autant de facteurs qui favorisent la propagation du moustique tigre, selon une étude publiée dans la revue Lancet Planetary Health mi-mai.

Face à cette progression, et pour tenter de l’enrayer, plusieurs milliers de moustiques tigres mâles rendus stériles par rayons X ont été lâchés mi-mai à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), dans le cadre d’une expérimentation d’une ampleur inédite en France métropolitaine. Avec cette technique de l’insecte stérile (TIS), utilisée depuis des décennies dans le secteur agricole, la descendance des femelles, uniques responsables des piqûres, serait peu à peu neutralisée et les populations devraient mécaniquement décroître.