Un peu plus d’un mois après l’identification d’un premier cas de choléra à Mayotte, les autorités annoncent que la maladie a tué un enfant de 3 ans, ce mercredi 8 mai. La fillette vivait dans la commune de Koungou, «où plusieurs cas avaient été identifiés ces dernières semaines», selon l’Agence régionale de Santé de Mayotte. «Les équipes d’intervention se sont rendues sur place pour procéder au traitement de l’entourage de l’enfant.», précise la préfecture. Ce premier cas mortel intervient alors que le ministre de la Santé Frédéric Valletoux se rend ce jeudi 9 mai sur cette île de l’océan Indien, pour une visite de deux jours prévue de longue date.
Une épidémie est en cours depuis février aux Comores - dont fait partie Mayotte. Depuis la mi-mars, 58 cas ont été identifiés dans ce département d’Outre-mer. Le nombre a été multiplié par 4 en l’espace d’une semaine. A Mayotte, les premiers cas «autochtones», diagnostiqués chez des patients n’ayant pas quitté l’île française dans l’océan Indien, sont apparus fin avril.
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Le choléra est une toxi-infection, provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des bactéries - voire de selles d’individus contaminés. «Les fortes concentrations de population, associées à une hygiène du milieu défectueuse, favorisent l’apparition et le développement des épidémies de choléra», explique Santé publique France. La maladie se manifeste surtout par de la diarrhée et des vomissements importants, causes de déshydratation sévère. «80 à 90 % des épisodes sont bénins ou modérément sévères», précise toutefois l’agence.
Les mesures d’assainissement et d’hygiène ont permis la disparition de la maladie en France métropolitaine, mais elle persiste en Guyane et à Mayotte, où des problèmes en approvisionnement en eau durent depuis de longs mois. Un protocole élaboré en février pour éviter la propagation de la maladie prévoit la désinfection du foyer du malade, l’identification et le traitement des cas contacts et une vaccination «en anneaux», en élargissant progressivement la zone concernée autour de l’habitation du patient atteint de choléra.
En France métropolitaine, cette maladie est essentiellement rapportée par des voyageurs de retour de pays ou de zones infectés : on compte en moyenne zéro à deux cas par an depuis le début des années 2000, selon le ministère de la Santé. Il faut remonter à 1986 pour trouver trace d’une flambée dans l’Hexagone, essentiellement à partir de cas importés d’Afrique du Nord, avec plus d’une trentaine de cas et un enfant de 10 ans mort après un séjour en Algérie.
Réchauffement climatique
Effet du changement climatique et de la multiplication des conflits, le nombre de cas de choléra explose actuellement dans le monde, souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les cas rapportés (une partie seulement des cas avérés) ont plus que doublé entre 2021 et 2022 pour atteindre 473 000, puis ont encore grimpé à plus de 700 000 en 2023. Comores, République démocratique du Congo (RDC), Ethiopie, Mozambique, Somalie, Zambie et Zimbabwe figurent parmi les pays les plus sévèrement touchés actuellement, indique encore l’OMS.
Haïti, Syrie ou RDC : la liste des récentes flambées de choléra montre combien cette maladie est un marqueur de la pauvreté, de l’instabilité et des conflits armés. «Il existe un lien étroit entre la transmission du choléra et un accès inadapté à l’eau potable et à des installations d’assainissement», souligne l’OMS. Les endroits à risque d’épidémie sont typiquement des camps de réfugiés : les crises humanitaires avec les déplacements de populations et des difficultés d’accès à l’eau potable, augmentent considérablement les risques.
Plusieurs vaccins oraux ont été mis au point et sont recommandés par l’OMS pour les zones où le choléra est endémique et durant les épidémies. Mais la multiplication des flambées a limité dangereusement les stocks et contraint les organisations humanitaires à réduire le nombre de doses administrées lors des campagnes de vaccination. L’OMS a donné en avril son feu vert à la version simplifiée d’un vaccin, produit par le groupe sud-coréen EuBiologics, pour accélérer la production et regonfler les stocks mondiaux de sérums anticholériques.
Mis à jour le 9 mai à 8h30 : avec l’ajout de la visite du ministre de la Santé Frédéric Valletoux à Mayotte.