A l’écran, dans Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin, Christophe Lamarre joue un médecin légiste. Dans la vie, l’homme est un médecin généraliste, installé à Roubaix depuis vingt-sept ans, où il soigne «les démunis et les marginaux».
Installé dans le fauteuil de son cabinet, le docteur Lamarre parle comme il pense et s’épanche sur les maux de sa ville, l’une des plus pauvres de France. «Je pensais avoir vu ce qu’il y a de pire, mais le Covid a creusé une couche de détresse supplémentaire», souffle-t-il. Dans la ville la plus contaminée du pays en octobre 2020, le médecin continue de compter les morts : des patients, des amis, des collègues. Mais malgré tout, la vaccination ne prend pas. «Dans les quartiers populaires, c’est le désert vaccinal», assure-t-il. Le docteur sillonne la commune et enchaîne les consultations pour convaincre les réticents. Généraliste «par choix et par conviction», le quinquagénaire est persévérant.
Né a Creil (Oise) dans les années 60, au sein d’une famille d’instituteurs, socialistes d’un côté, communistes de l’autre, Christophe Lamarre se souvient d’une jeunesse «heureuse». Piqué par le «virus de l’entraide», il s’engage à 14 ans chez les secouristes, entre chez les pompiers volontaires à 16, se forme sur le tas et apprend «la solidarité, la passion du soi