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Libération
Intoxication

Plusieurs cas de botulisme confirmés à cause de pesto artisanal, 600 bocaux recherchés en France

Les personnes contaminées ont été hospitalisées en réanimation, a fait savoir la Direction générale de la Santé mardi. Les personnes qui posséderaient ces boîtes de la marque «O ptits oignons» sont invitées à les jeter.
Un malade entouré de soignants dans un service de réanimation à l'hôpital de Bry-sur-Marne, le 7 juin 2023. ( Aline Morcillo/Hans Lucas. AFP)
publié le 10 septembre 2024 à 10h26
(mis à jour le 12 septembre 2024 à 19h55)

Un an après l’intoxication de 16 personnes, dont une est morte, après avoir mangé des sardines en conserve dans un restaurant de Bordeaux, cinq cas évocateurs du botulisme ont été signalés en France, cette fois en Indre-et-Loire. Ces personnes «sont actuellement hospitalisées en réanimation ou en unité de soins intensifs», avait fait savoir mardi la Direction générale de la Santé (DGS) dans un mail envoyé aux professionnels de santé. Les suspicions portaient sur une boîte de conserve artisanale de pesto à l’ail des ours, de la marque «O ptits oignons».

Ces soupçons ont finalement été confirmés par le Centre national de référence (CNR) de l’Institut Pasteur, a déclaré ce jeudi 12 septembre dans la soirée le ministère de la Santé. Les analyses menées chez les patients, actuellement hospitalisés en réanimation et unité de surveillance continue (USC) en région Centre-Val-de-Loire, ont par ailleurs confirmé biologiquement la présence de botulisme chez quatre de ces cinq patients, alors que des analyses concernant le cinquième cas sont encore en cours.

Les cinq cas de contamination signalés aux autorités avaient «partagé un même repas» comprenant notamment cette sauce, précisait la DGS. Ce ne sont pas tant les produits alimentaires utilisés dans ces boîtes de pesto qui sont mis en cause, mais la méthode de préparation et de conservation. «Les investigations réalisées ont montré l’absence de maîtrise du processus de stérilisation de ces conserves», précise la DGS. «Il est conseillé de laver les aliments, bien les cuire (les toxines sont détruites lors d’une ébullition prolongée), utiliser une eau propre, les conserver à une température adéquate», détaille l’Institut Pasteur.

Le botulisme est une affection neurologique grave, provoquée par une puissante toxine que produit la bactérie Clostridium botulinum. Comme la maladie se déclare après «une période d’incubation de quelques heures à quelques jours», «la survenue d’autres cas dans les prochains jours n’est pas exclue», poursuit-elle.

Rappel des lots

La Direction départementale de la protection des populations, chargée d’assurer la sécurité des consommateurs, poursuit ses investigations ce jeudi afin d’identifier les acheteurs des pots de pesto incriminés, précise le ministère. Le préfet d’Indre-et-Loire Patrice Latron avait estimé mardi que «600 bocaux» sont recherchés à travers la France. Les personnes qui détiendraient encore ces produits ne doivent pas les consommer ni les ouvrir, et les jeter.

Le reste des lots fait l’objet de rappels. Les boîtes de conserve ont été vendues lors de différents événements en Indre-et-Loire, depuis ce printemps, précise la DGS dans sa communication. A la Fête des plantes et du Printemps au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, les 30 et 31 mars et 1er avril 2024 ; à «Nature en fête» au Château de Cangé à Saint-Avertin, les 13 et 14 avril 2024 ; à la foire à l’ail et au basilic à Tours, le 26 juillet 2024 ; au Festival de la tomate et des saveurs au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, les 7 et 8 septembre.

Ce sont des «atteintes aux paires crâniennes» - douze paires de nerfs qui relient le cerveau aux parties de la tête, du cou et du tronc - qui ont alerté les autorités. Elles peuvent évoluer «vers une paralysie descendante», jusqu’à une insuffisance respiratoire. La prise en charge doit donc être la plus précoce possible. «La grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais le traitement et la convalescence peuvent durer plusieurs semaines voire plusieurs mois», précise l’Institut Pasteur sur son site.

Lorsque le botulisme est alimentaire - il peut aussi être contracté par le biais d’une blessure -, la toxine est directement ingérée via des aliments contaminés. Les symptômes peuvent se présenter à des degrés variables : signes digestifs «pouvant être fugaces» comme des maux de ventre, nausées, vomissements, diarrhée, des troubles oculaires (vision floue ou double), bouche sèche avec des difficultés pour avaler ou parler, symptômes neurologiques, comme des «fausses routes» ou des «paralysies des muscles plus ou moins fortes. «Il n’y a habituellement pas de fièvre», prévient l’autorité sanitaire.

Mise à jour : ce jeudi 12 septembre à 19h54, avec l’ajout de la déclaration du ministère de la Santé.