Né prématuré à sept mois et demi, mon fils avait six jours de vie quand il a été infecté par le virus respiratoire syncytial (VRS) responsable de bronchiolites, dans le service de néonat de l’hôpital de Poissy, où il a ensuite passé plusieurs semaines en réanimation sans que nous sachions s’il allait survivre. Je m’en souviens évidemment comme si c’était hier. Les journées et les nuits sans fin, l’angoisse, la culpabilité de ne pas avoir mieux écouté ma femme qui s’était inquiétée de sa respiration dès le quatrième jour et que les médecins du service traitaient dans son dos d’hystérique.
Mais je pense que ce que je n’oublierai jamais, c’est l’excuse confuse du chef de service de pédiatrie, qui m’a expliqué que l’équipe avait été surprise par le démarrage précoce de l’épidémie de bronchiolite en cette année 1996, et m’a détaillé les protocoles dans le service. Tous les nourrissons étaient pesés quotidiennement dans la même balance, plusieurs fois par jour mais, alors que le VRS est transmissible par contact, celle-ci n’était nettoyée à chaque pesée qu’une fois l’épidémie déclarée. Vingt-six ans plus tard, toute ressemblance avec la situation ubuesque actuelle n’est hélas pas fortuite.
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