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Compléments alimentaires chez les sportifs : l’Anses alerte à nouveau sur leurs risques

JO Paris 2024dossier
L’agence sanitaire alerte une nouvelle fois contre les dangers de ces produits, de plus en plus courants dans le sport professionnel ou amateur pour développer la musculature ou brûler des graisses. 154 nouveaux cas d’effets indésirables ont été déclarés entre 2016 et 2024, dont deux décès.
Les effets indésirables des compléments alimentaires pour les sportifs sont souvent cardiovasculaires – tachycardie, palpitations, voire arrêts cardiaques. D’autres symptômes, plus généraux, peuvent aussi survenir, comme des malaises, vertiges, de la fatigue, de la fièvre, ou des problèmes digestifs. (Voisin/Phanie via AFP)
publié le 17 juillet 2024 à 12h27

Les poudres et gélules vantées pour leurs mille et une vertus n’en finissent pas de se répandre ; parmi elles, certaines ont la réputation de plus en plus ancrée chez les sportifs qu’elles développeraient leur musculature ou brûleraient leurs graisses. Alors que les Jeux olympiques vont débarquer dans la capitale et mettre le sport à l’honneur, l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire (Anses) réaffirme les risques de ces compléments alimentaires. Entre 2016 et 2024, 154 nouveaux cas d’effets indésirables lui ont été déclarés, «deux décès sont survenus et quatre personnes ont vu leur pronostic vital menacé», détaille-t-elle dans un communiqué diffusé ce mercredi 17 juillet. Et ce alors que leurs bénéfices demeurent pour la plupart incertains.

Les effets indésirables des compléments alimentaires pour les sportifs sont souvent cardiovasculaires – tachycardie, palpitations, voire arrêts cardiaques. D’autres symptômes, plus généraux, peuvent aussi survenir, comme des malaises, vertiges, de la fatigue, de la fièvre, ou des problèmes digestifs. Jusqu’à, dans de plus rares cas, des accidents vasculaires cérébraux. Ces risques sont accrus chez les plus jeunes, dont l’organisme présente une plus forte sensibilité que chez l’adulte. «Depuis 2016, 20 % des effets indésirables se sont avérés très graves», précise l’agence sanitaire.

Elle avait déjà lancé une alerte il y a huit ans : 49 signalements lui avaient été remontés depuis 2009, année de démarrage du dispositif national de vigilance. Le nombre de déclarations entre 2016 et 2024 a donc plus que triplé. Illustration d’une consommation qui se répand : car si ces produits, et surtout les «prots» ont été popularisées par les bodybuilders, ils sont de plus en plus chéris par les sportifs. En particulier pour les disciplines «dont la performance repose sur la force puissance musculaire ou la réduction du poids corporel».

«Cette pratique est encouragée par une croyance non fondée selon laquelle l’alimentation courante ne suffirait pas à atteindre les objectifs de performance fixés», insiste l’Anses. Mêmes remarques formulées par l’Inserm au début du mois : «Il faut bien avoir en tête que ces produits ne sont pas miraculeux. Les protéines en poudre ne sont utiles que si elles accompagnent un entraînement sportif intense et régulier, et qu’elles sont consommées dans le cadre d’une alimentation équilibrée, sur les conseils d’un entraîneur sportif qualifié.» D’autant qu’une surconsommation de protéines sur le long terme affecte le foie, les intestins, les reins.

Vigilance, aussi, sur la composition des produits : leur commercialisation ne nécessite pas d’autorisation de mise sur le marché, à la différence des médicaments. Alors les sites de vente en ligne pullulent et de grandes enseignes de distribution s’y mettent aussi – l’Anses déconseille d’ailleurs d’acheter des compléments en ligne. Et certains ingrédients présents dans une partie d’entre eux sont interdits, en particulier pour leurs nombreux et sévères effets indésirables sur l’activité cardiovasculaire. C’est le cas des stéroïdes anabolisants, du clenbutérol et de l’éphédrine.

Fraude et dopage

«Leur présence dans les compléments alimentaires constitue une fraude et peut exposer le sportif consommateur, au-delà des risques pour la santé, à un résultat analytique anormal ( «contrôle positif») lors d’un contrôle antidopage», pointe l’Anses. Même s’il répond aux exigences réglementaires françaises, un ingrédient peut aussi être proscrit par l’Agence mondiale antidopage – la contamination par un complément alimentaire est d’ailleurs de plus en plus souvent utilisée pour justifier la présence d’un produit dopant dans les analyses de sportifs, en témoignent les exemples de Paul Pogba ou de la tenniswoman Simona Halep.

Aux consommateurs, sportifs professionnels ou amateurs, les experts de l’Anses répètent leurs recommandations émises en 2016 : attention à la consommation de plusieurs compléments alimentaires en même temps ou leur association avec des médicaments ; toujours discuter avec un professionnel de santé, et ses encadrants pour les sportifs, de la consommation de compléments alimentaires et le signaler à son médecin ou pharmacien. Mieux vaut, aussi, éviter de prendre des pilules contenant de la caféine avant et pendant une activité sportive – voire la proscrire tout court pour les personnes sensibles à ses effets. Ces substances sont aussi fortement déconseillées aux personnes présentant des problèmes au cœur, aux reins ou au foie, atteintes de troubles neuropsychiatriques, aux enfants et ados, ainsi qu’aux femmes enceintes.