Mauvaise nouvelle pour les assurés sociaux. Emmanuel Macron a donné ce mardi 16 janvier son feu vert au doublement des franchises médicales sur chaque boîte de médicament remboursée et acte paramédical (qui passerait de 0,5 à 1 euro) d’une part, mais aussi sans doute – puisque dans l’esprit de Bercy, les deux mesures vont de pair – de la participation forfaitaire sur la consultation médicale (qui passerait de 1 à 2 euros). «On consomme trop de médecine, a insisté le chef de l’Etat. Mais il n’y a pas d’argent magique. Quand ce n’est pas le consommateur qui la paye, c’est le contribuable qui la paye. Quand je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour des forfaits téléphoniques, se dire qu’on va passer de 50 centimes à 1 euro sur une boîte de médicament, je n’ai pas le sentiment qu’on fait un crime terrible.»
Alors même qu’il avait renoncé à inscrire la hausse des franchises dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024, de crainte d’essuyer une bronca parlementaire, l’exécutif va donc pouvoir la faire passer par décret. De quoi dégager quelque 800 millions d’euros d’économies sur les 12 milliards que Bruno Le Maire entend trouver. «Cela responsabilise, c’est une bonne mesure», s’autocongratule Macron, pour qui le maintien d’un reste à charge plafonné à 50 euros suffit à protéger les malades en affection longue durée (ALD), ce qui suppose des prescriptions régulières. «On va faire quelque chose de juste, je crois», estime le Président, oubliant de préciser qu’avec la hausse des franchises, la totalité des patients en ALD, plus représentés dans les couches sociales défavorisées, en seront de leur poche de 50 euros au titre de l’achat de médicaments et 50 autres euros au titre des consultations médicales. Juste, vraiment ?
«Libérer du temps médical»
Sa position donne néanmoins le ton sur le sort qui devrait être réservé dans les prochains mois à la santé, sujet que le chef de l’Etat a largement évité durant son propos liminaire. L’heure est désormais au serrage de vis budgétaire après l’«investissement historique» consenti à l’issue de la première vague de Covid lors du Ségur de la santé. Pour remettre sur pied le système sanitaire, Macron table désormais surtout sur les mesures prises depuis son élection pour «libérer du temps médical» : délégation des actes à d’autres professionnels de santé, déploiement des services d’accès aux soins pour atteindre une couverture de «100 % du territoire cette année», aide à l’embauche d’assistants médicaux ou création de maisons professionnelles de santé…
Seul véritable soulagement pour les professionnels du secteur : le chef de l’Etat s’est prononcé en faveur d’une régularisation de «nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins» afin de lutter contre les déserts médicaux. Il était temps : quelque 2 000 praticiens diplômés hors de l’Union européenne (Padhue), employés à bas coût par les hôpitaux au titre de «Faisant fonction d’interne» (FFI) ou de stagiaire associé sont aujourd’hui menacés d’expulsion, suite à l’interruption réglementaire de leur contrat au 31 décembre 2023.