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Santé publique

Contamination au cadmium : des dépistages seront remboursés en médecine de ville dès l’automne

Un collectif de médecins a alerté la semaine dernière sur le danger que représente ce métal, en particulier pour les plus jeunes. Cette substance est très présente dans notre alimentation, à cause de l’épandage d’engrais phosphatés.
Un enfant dans un champ de maïs. (photo/Getty Images)
publié le 10 juin 2025 à 21h47

Après l’alerte sanitaire, la réponse des autorités politiques. Le ministre de la Santé a annoncé ce mardi 10 juin la possibilité de se faire dépister gratuitement à partir de «l’automne» pour la présence de cadmium dans le corps. Ce métal reconnu cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, serait très présent dans notre alimentation du fait de l’utilisation des engrais phosphatés en agriculture. «Ce dépistage est remboursé à l’hôpital et il le sera à l’automne en médecine de ville», a souligné Yannick Neuder.

Le 5 juin, les Unions régionales des professionnels de santé-Médecins Libéraux (URPS) avaient dénoncé «une explosion de la contamination des jeunes enfants» en France à ce métal toxique, «omniprésent dans notre environnement», qui s’accumule dans l’organisme et expose à un risque accru de pathologies cardiovasculaires et de cancer notamment.

Ces professionnels ont «fait remonter l’intérêt d’un dépistage» de cette substance ciblant les patients à risque, a rappelé Yannick Neuder, interrogé à l’Assemblée nationale par la députée écologiste Sandrine Rousseau. Selon le ministère, «les travaux sur le remboursement des tests de dépistage du cadmium pour les personnes à risque, et le cadre de ce remboursement, sont en cours avec l’objectif d’avoir défini» ce périmètre d’ici la fin 2025.

Quant à la recommandation émise en 2021 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement (Anses) de ne pas dépasser les 20 mg de cadmium par kg d’engrais phosphatés, Yannick Neuder a affirmé qu’il sera «particulièrement vigilant sur l’arrêté que doit prendre le ministère de l’Agriculture sur ce sujet, comme l’ont fait d’autres pays, comme la Finlande, la Pologne ou la Roumanie».

Enquête nationale de santé et registre des cancers

Une enquête de santé publique - nommée «Albane» - d’une ampleur inédite a été annoncée ce mardi par les agences sanitaires. Elle doit scruter la santé de la population française (alimentation, activité physique…) et notamment son exposition à des substances telles que pesticides, bisphénols, phtalates et cadmium.

Par ailleurs, la proposition de loi visant à instaurer un registre national des cancers pour améliorer le suivi de cette maladie, adoptée en avril 2023 au Sénat, a été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 23 juin, a noté Yannick Neuder. Les registres départementaux existants ne couvrent que 21 à 24 % de la population française.

Le 3 juin, Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé devenu député, avait demandé à Yannick Neuder de «mener à son terme le projet de registre» et révélé être lui-même atteint d’un cancer, appelant le gouvernement à ne pas couper dans les budgets de la recherche sur cette maladie et à soutenir la prévention.

La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui avait révélé en janvier avoir été diagnostiquée il y a trois ans d’un cancer du sein, avait de son côté enjoint l’exécutif à se saisir du texte «sur l’ordre du jour du gouvernement» pour «aller vite».