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Assemblée nationale

Contre le trafic de drogue, les députés Antoine Léaument (LFI) et Ludovic Mendes (EPR) appellent à la légalisation du cannabis

Dans un rapport présenté à la commission des lois ce lundi 17 février, les deux députés, l’un de gauche, l’autre de la majorité présidentielle, proposent de légaliser la consommation du cannabis. Une position rejetée par une partie du camp présidentiel.
Ludovic Mendes (EPR) et Antoine Léaument (LFI) demandent la légalisation du cannabis dans un rapport rendu ce lundi 17 février. (Marcus Brandt/dpa Picture-Alliance. AFP)
publié le 17 février 2025 à 11h37

Après dix-sept mois d’un travail ralenti par la dissolution, le rapport voit enfin le jour : les deux députés Antoine Léaument (La France insoumise) et Ludovic Mendes (Ensemble pour la République) présentent leur rapport sur la lutte contre le trafic de stupéfiants à la commission des lois ce lundi 17 février. Les deux élus proposent une soixantaine de propositions, dont la légalisation et la dépénalisation du cannabis pour endiguer le trafic de drogue en France. «Nous, on veut assécher au maximum ce trafic, ça pèse des milliards d’euros, affirme Ludovic Mendes ce lundi sur RMC Découverte. L’idée, c’est de faire en sorte de leur enlever des moyens financiers pour [que les trafiquants] ne soient pas aussi puissants qu’ils ne le sont aujourd’hui. Plus ils seront faibles, plus la justice ou la police pourront mieux les attaquer.»

Plutôt que de prendre le sujet par le biais sécuritaire, à l’instar de Bruno Retailleau qui estime que «quand on fume son cannabis ou qu’on prend son rail de coke, on est un peu responsable des règlements de comptes», les deux députés souhaitent traiter le sujet par la question de la santé publique. «On ne parle jamais de santé publique. Où est le ministère de la Santé sur ce sujet-là ?» se demande le député macroniste sur RMC, qui souhaite que les consommateurs soient «accompagné[s] en termes de lutte contre les addictions». «Les personnes qui sont en situation de dépendance, d’addiction, vont avoir moins de difficultés à aller voir des médecins que dans une situation où c’est interdit», estimait déjà Antoine Léaument le 1er avril 2024 sur France Info. Cette légalisation permettrait également à l’Etat de mieux encadrer les produits vendus. «On aimerait limiter potentiellement la consommation en termes de grammage, en termes de THC», détaille pour sa part Ludovic Mendes sur RMC ce lundi.

Légalisation et dépénalisation

Selon le Parisien, le rapport propose la création d’une instance chargée d’attribuer des licences à des agriculteurs, des revendeurs ou des pharmacies spécialisées. Si le rapport prône une légalisation, il avance plusieurs limites à instaurer, notamment la culture d’un nombre encadré de plants de cannabis à domicile. Et au-delà de ce dernier, les deux rapporteurs s’intéressent également au trafic d’autres drogues, dont la cocaïne. Ludovic Mendes propose par exemple une dépénalisation pour la possession de 3 grammes de cocaïne, une amende forfaitaire entre 3 et 6 grammes et un passage devant un juge au-delà des 6 grammes, quand Antoine Léaument s’oppose à l’amende au-dessus des 3 grammes, toujours selon le Parisien. Le rapport se concentre aussi sur le blanchiment d’argent, le «réarmement des moyens judiciaires» et la «protection des jeunes».

Si la légalisation du cannabis est largement acquise au sein de La France insoumise, cette position ne fait pas l’unanimité au sein de l’exécutif. Dans le gouvernement, Bruno Retailleau à l’Intérieur et Gérald Darmanin à la Justice portent une ligne dure sur le sujet, n’hésitant pas à lancer une campagne de communication pour culpabiliser, «responsabiliser» selon les mots du ministère, les consommateurs. En mars 2024, Darmanin proposait même d’étendre les tests salivaires sur la voie publique pour lutter contre les stupéfiants.

Pourtant, quelques personnalités proches d’Emmanuel Macron – lui s’y oppose – ont porté la légalisation. Ludovic Mendes prône cette solution, marchant dans les pas des anciens députés Renaissance Caroline Janvier et Jean-Baptiste Moreau, qui proposaient déjà la légalisation dans un rapport parlementaire de 2021. Le député Modem Richard Ramos y est également favorable. En novembre, le président des Jeunes avec Macron, Ambroise Méjean, prenait ses distances du Président sur le sujet. «Ce qu’on a fait actuellement ne fonctionne pas, a-t-il reconnu. L’objectif de la légalisation est de casser le marché noir et de protéger les consommateurs.» Le rapport de Ludovic Mendes et d’Antoine Léaument sera rendu public ce mardi 18 février.