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Corse : le virus de la gastro-entérite parasite le GR20

Des évacuations en hélicoptère et près de 300 malades, une forte épidémie de gastro-entérite sévit sur le chemin de randonnée de l’île de beauté.
L'Agence Régionale de Santé de Corse a compté près de 300 cas avérés pour une petite dizaine de passages à l’hôpital de moins d’une journée. (Michel Cavalier/Hemis. AFP)
publié le 2 août 2024 à 15h27

Sur le GR20, les marcheurs ont la courante. Une épidémie de gastro-entérite sévit sur le fameux itinéraire de randonnée qui traverse la Corse, de quoi nourrir de futurs témoignages sur les pires souvenirs de rando. L’Agence régionale de santé (ARS) lance, ce vendredi 2 août, une opération «de nettoyage choc à la javel de toutes les surfaces». Tous les gites du parc naturel de Corse - une quinzaine - vont laver en même temps leurs poignées de portes, leurs salles d’eau, leurs tentes de locations pour casser la transmission de la maladie. Des mesures ont été prises pour limiter l’impact environnemental de la mesure, précise l’ARS à Libération. Depuis plusieurs semaines, ce chemin réputé ardu, est devenu une véritable épreuve pour des centaines de marcheurs atteints de diarrhées, douleurs abdominales, fatigue, nausées et de vomissements. Certains randonneurs ont même appelé pour être évacués en hélicoptère. L’alerte est remontée jusqu’à l’ARS de Corse le 12 juillet. Cette dernière a émis un premier communiqué sur le sujet le 15 juillet rappelant les gestes de précaution : traiter ou filtrer l’eau avant consommation, se laver les mains souvent, et contacter un médecin en cas de symptômes. Une enquête a également été lancée. Santé publique France a envoyé un mail à toutes les personnes ayant réservé une nuit en gîte sur la période et a pu faire des analyses de selles. Les résultats ont été publiés le 26 juillet, dans un deuxième communiqué de l’ARS.

L’ARS «estime que l’épidémie a probablement débuté fin juin, avec un pic observé le 12 juillet». Sur la période étudiée, entre le 1er et 15 juillet, elle dénombre 236 cas, dans un premier temps, dont 7 ont nécessité des hospitalisations de courtes durées. Auprès de Libération, l’ARS actualise ces chiffres à près de 300 cas avérés pour une petite dizaine de passages à l’hôpital de moins d’une journée pour la plupart. Mais le passage du pic ne signe pas la fin de l’épidémie. Cinq nouveaux cas ont été déclarés le 29 juillet et quatre le 30 juillet mais aucun le premier août.

Une quinzaine d’adolescents a été évacuée du refuge d’E Capanelle, selon France Bleu RCFM, dans la nuit de mardi 30 au mercredi 31 juillet. Mais les analyses de selles ont rejeté l’hypothèse d’une gastro-entérite. «Il s’agit d’une toxi-infection alimentaire collective», précise, auprès de Libération, Philippe Mortel directeur de cabinet de l’ARS. Ils ont été pris en charge à l’hôpital, mais sans gravité.

L’ARS, suit le sujet de très près. Des flacons de gel hydroalcoolique ont été envoyés dans tous les gîtes. Le GR20 est un parcours particulièrement difficile. Le temps est à la canicule sur l’île de beauté et les symptômes de la gastro peuvent accentuer la déshydratation ou les coups de chaud. Elle a publié une vidéo de prévention sur les gestes barrières. La plupart des personnes ont des symptômes pendant deux jours et les hospitalisations constatées ont toujours été de très courte durée. Surtout, il est important de gérer l’effort physique en fonction de sa santé physique. Les malades les plus atteints, sont ceux qui n’ont pas voulu s’arrêter une journée malgré leurs symptômes.

Les épidémies de gastro-entérite ne sont pas rares sur le GR20, en raison de la promiscuité dans les gîtes, nous indique l’ARS. Mais celle-ci semble plus importante. «Le taux d’attaque est important. 39 % des personnes qui ont répondu à notre enquête ont signalé des symptômes», souligne Philippe Mortel. Le pathogène en cause est un norovirus. La qualité de l’eau n’est pas, a priori, pas en cause. Mais, par précaution, l’ARS préconise tout de même de bien la faire bouillir, la traiter ou de prendre de l’eau en bouteille, pour éviter d’autres gastro-entérites d’origine bactérienne. La voie principale de contamination reste par les mains. Le norovirus survit à la congélation, et à des températures jusqu’à 60 °C. Il peut rester actif sur une surface pendant plusieurs jours. Une personne atteinte est contagieuse deux jours avant et après ses symptômes et des personnes asymptomatiques peuvent l’excréter sans le savoir.