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Crise

Coupures d’eau à Mayotte : l’Etat va prendre en charge les factures des habitants

Confrontés à une sécheresse extrême, privée d’eau pendant deux jours sur trois, les Mahorais continuent pourtant de payer plein pot leurs factures. Élisabeth Borne a annoncé ce jeudi 5 octobre leur prise en charge jusqu’à décembre.

Une distribution d'eau sur l'île mahoraise de Petite-Terre, en septembre 2023. (Patrice Terraz/Divergence)
Publié le 05/10/2023 à 17h57

Un coup de pouce bienvenu mais encore provisoire. De septembre à décembre, l’Etat va prendre en charge les factures d’eau des habitants de Mayotte confrontés à une grave pénurie de cette ressource vitale sur leur île, annonce ce jeudi 5 octobre Élisabeth Borne. La Première ministre justifie cette décision par «la dégradation très importante du service rendu au public», dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion interministérielle sur le sujet.

Le gouvernement prévoit également «d’élargir progressivement» jusqu’à la mi-novembre la distribution de bouteilles d’eau gratuites, limitée à ce jour à 50 000 personnes parmi les plus vulnérables, grâce à davantage d’acheminements de bouteilles depuis La Réunion et l’Hexagone. Une source proche du dossier évoque un élargissement de cette distribution à environ 100 000 personnes. Quelque 300 militaires et civils seront déployés à Mayotte pour assurer la logistique de cette distribution, dont 50 assistants d’éducation dans les écoles.

En outre, 30 personnels soignants renforceront les effectifs du centre hospitalier de Mamoudzou «dans les prochains jours», et un «dispositif d’aides» aux entreprises touchées par ces pénuries sera mis en place «courant novembre».

Pour faire face à cette crise de l’eau, l’Etat a intensifié les coupures et envisage encore de les étendre, anticipant «six à huit semaines» difficiles. Depuis le 4 septembre, la population mahoraise - 310 000 habitants au 1er janvier 2023 selon l’Insee, beaucoup plus en comptant les personnes en situation irrégulière - est privée d’eau deux jours sur trois. Mais l’air passant dans les tuyaux continuait de faire tourner les compteurs et les factures de grimper.

Le département le plus pauvre de France est confronté à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales. Les déficits pluviométriques sont aggravés par un manque d’infrastructures et d’investissements dans un territoire qui, sous pression de l’immigration clandestine venue notamment des Comores voisines, connaît une croissance démographique de 4 % par an.

La saison des pluies attendue

Les deux retenues collinaires (ouvrages de stockage de l’eau), qui assurent en temps normal 80 % de l’approvisionnement, avec les rivières, sont quasiment à sec. Lorsque leur vidange sera complète, courant octobre, le territoire mahorais ne pourra compter que sur ses rivières, ses eaux souterraines et sur la production de son usine de dessalement, en attendant que la saison des pluies permette de recharger les réserves à partir de novembre.

Cependant, même si la saison des pluies démarre début novembre, comme habituellement, «il faudra du temps pour réalimenter les retenues collinaires», avait prévenu le préfet chargé de l’eau à Mayotte, Gilles Cantal. Des travaux d’urgence ont été engagés (forages, recherche de fuites, interconnexion des réseaux…) mais ne devraient porter leurs fruits qu’à plus long terme. Sont également envisagés la mise en chantier d’une deuxième usine de dessalement et un projet de troisième retenue collinaire.