Avec la guerre en Ukraine et les élections présidentielles et législatives, l’épidémie de Covid-19 semble passer sous les radars depuis quelques semaines. Le virus continue pourtant de circuler en France, même si une embellie se confirme : les contaminations baissent jour après jour, améliorant de fait la situation dans les hôpitaux.
Mais le coronavirus mute rapidement et d’autres pays comme l’Afrique du Sud constatent aujourd’hui l’émergence de nouveaux variants plus contagieux même s’ils ne sont pas plus virulents. Libération fait le point sur la situation sanitaire dans l’Hexagone et les nouveaux sous-variants d’omicron, observés ailleurs dans le monde.
La baisse du nombre de cas se confirme
Les contaminations au Covid-19 poursuivent leur décrue en France, la moyenne du nombre de tests positifs au cours des sept derniers jours ayant chuté de près de 30% en une semaine, selon les chiffres publiés dimanche par les autorités sanitaires. Une moyenne qui était de 140 000 le 1er avril, au plus fort de la sixième vague.
A noter tout de même, cet indicateur dépend d’un autre : le nombre de tests effectués. Selon Covid Tracker, cette démarche fait de moins en moins partie du quotidien des Français, avec une baisse de 18 % au 28 avril, par rapport à la semaine précédente.
Un autre chiffre permet cependant de confirmer une nette amélioration sanitaire. Le taux d’incidence, qui permet d’évaluer la circulation du virus, est largement passé en dessous du seuil fatidique des 1 000 cas pour 100 000 habitants. D’après Santé Publique France, il tombe à 631 le 28 avril, ce qui n’était pas arrivé depuis mi-décembre.
Les hôpitaux vont mieux
En une semaine, le nombre de patients hospitalisés a également baissé : 23 327 patients dimanche contre 24 888 la semaine dernière, ainsi que 208 nouvelles admissions contre 372. Si l’on se concentre sur les services de soins critiques, qui accueillent les malades dont l’état de santé est le plus préoccupant, on constate qu’ils étaient 1 557 dimanche, contre 1 640 une semaine plus tôt. Le nombre de nouvelles entrées était de 19 dimanche et de 35 la semaine précédente.
Mais le Covid-19 cause encore la mort de 121 personnes chaque jour, en moyenne sur une semaine. Au total, depuis le début de l’épidémie il y a plus de deux ans, 145 962 personnes ont été emportées par le virus en France.
La campagne de vaccination patine
Côté vaccination, la courbe n’évolue que très peu depuis plusieurs mois. 54,3 millions de personnes ont reçu au moins une dose, alors que l’objectif des 50 millions de primo-vaccinés a été atteint depuis déjà mi-septembre, preuve que les derniers sont les plus difficiles à convaincre. Au rythme actuel, Covid Tracker estime que l’ensemble de la population éligible (plus de 12 ans) sera vaccinée avec au moins une dose le 1er janvier 2030. Seuls 39,7 millions de Français sont aujourd’hui complètement vaccinés (trois doses).
Depuis le 7 avril et l’ouverture de la quatrième dose de vaccin contre le Covid-19 aux personnes de plus de 60 ans, le gouvernement semble avoir abandonné sa grande campagne de vaccination. Pourtant, nombreux sont les scientifiques à rappeler l’importance de protéger les plus vulnérables, d’autant que le vaccin perd de son efficacité au fil du temps.
Chronique «Aux petits soins»
Sur France Info le 24 avril, Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation à l’hôpital Lariboisière, n’écartait pas l’hypothèse de «refaire une quatrième dose pour la totalité de la population» lors de la rentrée en septembre. «On verra à ce moment-là en fonction des variants qui vont circuler», a-t-il déclaré, rajoutant qu’un tout autre scénario est également possible, celui d’un Covid-19 s’orientant vers «un virus des rhumes».
Halte aux nouveaux variants
Dans son point épidémiologique du 28 avril, Santé publique France fait état d’une circulation quasi-exclusive du sous lignage BA.2 du variant omicron. «En métropole, il représentait 100% des séquences interprétables dans l’enquête Flash S15 (11/04) et 99,9 % dans l’enquête Flash S14 (04/04)», souligne l’agence.
Mais d’autres variants restent sous surveillance. C’est le cas du XD, dans un premier temps appelé «Deltacron», recombinaison des variants delta et omicron. Il représentait «moins de 0,1% des séquences interprétables des enquêtes Flash S01 (03/01) à Flash S14 (04/04), et n’a pas été détecté au cours de l’enquête Flash S15». Malgré une présence très minoritaire depuis janvier (quelques dizaines de cas certifiés), peu de données sont actuellement disponibles quant à ses caractéristiques génétiques, ce qui implique de rester vigilant.
En dehors de l’Hexagone, de nouveaux sous-variants se propagent à une vitesse folle. Aux Etats-Unis, un article du Washington Post rapporte que le petit dernier, BA.2.12.1, serait «environ 25% plus transmissible» que le BA.2 classique, actuellement majoritaire dans le pays, selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
En Afrique du Sud, des chercheurs ont récemment identifié d’autres petits frères d’omicron baptisés : BA.4 et BA.5. «Une nouvelle recherche en laboratoire, publiée dimanche mais pas encore évaluée par des pairs, indique que les sous-variants émergents sont capables d’échapper aux anticorps neutralisants observés chez les personnes qui se sont déjà remises d’une infection omicron», explique le Washington Post. De quoi faire craindre aux scientifiques une énième nouvelle vague. Avec, la nécessité d’adapter les vaccins pour y faire face.