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Accord

Covid : Sanofi renonce à son vaccin et va commercialiser celui de son concurrent américain, Novavax

Le laboratoire français retire son produit, qu’il avait tardé à développer, en raison d’une chute de la demande. Il va tenter de combiner celui de son concurrent américain avec son propre vaccin contre la grippe.
Sanofi devra verser entre 500 millions et 1,2 milliard de dollars à son partenaire américain pour commercialiser son vaccin, Novavax, à partir de 2025. (Alain Jocard et Justin Tallis/AFP)
publié le 10 mai 2024 à 19h05

La page du Covid se tourne pour Sanofi. Le laboratoire français annonce ce vendredi 10 mai qu’il ne commercialisera plus son propre vaccin anti-Covid et vendra désormais le produit de son concurrent américain Novavax, qu’il va tenter de combiner avec ses vaccins contre la grippe. «Les dernières doses de VidPrevtyn Beta ont expiré à la fin du mois de janvier 2024. Nous avons retiré la demande d’autorisation de mise sur le marché de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)», affirme le groupe pharmaceutique.

«Cette décision n’est pas liée à des problèmes d’efficacité, de sécurité ou de qualité, mais simplement au fait qu’il existe une offre suffisante d’autres vaccins Covid-19 dans le monde», tient à préciser le groupe. Et pour cause : cette décision marque un peu plus la nouvelle étape franchie par le secteur pharmaceutique dans l’après-pandémie. Car si les groupes s’étaient d’abord livrés dans une véritable course contre la montre - qui s’est révélée très lucrative - les ventes de ces vaccins, un temps si précieux, sont désormais en net déclin.

C’est le britannique AstraZeneca qui a ouvert le bal, il y a trois jours, en annonçant le retrait de son vaccin, l’un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie et dont le nom est devenu bien familier du grand public. Le labo l’a aussi justifié par une chute de la demande.

Pour Sanofi, en revanche, le cas est un peu différent. Déjà parce qu’il est moins emblématique - le nom de son vaccin a moins marqué, puisqu’il a tardé à sortir et n’a commencé à être utilisé qu’en décembre 2022. Surtout, il n’abandonne pas totalement la filière : il récupère l’exploitation d’un autre vaccin, celui de Novavax. Comme le produit français, l’américain ne se base pas sur l’ARN messager (à l’inverse de Pfizer ou Moderna) mais sur une technologie plus classique. Or, comme le Français, il était arrivé plus tard et a été moins favorisé dans les campagnes de vaccination anti-Covid, puisque la technologie ARN messager affichait une efficacité supérieure.

Les deux groupes annoncent donc avoir conclu «un accord de licence co-exclusif pour la co-commercialisation d’un vaccin Covid-19 et le développement de vaccins combinés grippe-Covid-19″. Selon cet accord, le groupe français commercialisera ce vaccin à partir de 2025 - sauf dans quelques pays, comme l’Inde, où Novavax dispose d’autres accords. Sanofi devra verser entre 500 millions et 1,2 milliard de dollars à son partenaire américain, et sera aussi chargé de gérer les enjeux de réglementation ainsi que de recherche et développement. Il pourra toutefois prendre une petite part - moins de 5 % - de Novavax. Le contrat prévoit également que Sanofi puisse développer des vaccins combinés grippe et Covid, à partir de celui de Novavax.

Contre le Covid et la grippe

En revanche, les enjeux divergent entre les deux laboratoires. D’un côté, le sort de Novavax est très dépendant de son vaccin Covid. Très affaibli financièrement depuis plusieurs mois, le petit groupe a vu son titre chuter entre 4 et 5 dollars alors qu’il en valait des centaines au pic de la pandémie. Après l’accord, son action a plus que doublé de valeur et dépassé les dix dollars ce vendredi à la Bourse de New York.

Pour Sanofi, en revanche, la chute des ventes des vaccins anti-Covid ne remet pas en cause son existence. L’accord permet non seulement au géant pharmaceutique de solder le sort de son propre produit, mais aussi de miser sur une vaccination combinée avec son vaccin antigrippe. Car le groupe Français est surtout l’un des grands acteurs des vaccins anti-grippaux, dont l’importance est rappelée chaque hiver par les professionnels de santé pour les personnes fragiles.