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Machine arrière

Crack à Paris: le projet de déplacement des usagers dans le XIIe arrondissement finalement abandonné

Annoncée mardi à la surprise générale, l’évacuation des consommateurs vers la friche Bercy-Charenton est annulée par la préfecture de police, en raison de l’opposition de la mairie de Paris.
Des policiers lors de l'évacuation du campement de consommateurs de crack à Paris, porte de la Villette, lundi 24 janvier. (Geoffroy van der Hasselt/AFP)
publié le 28 janvier 2022 à 13h04

Retour à la case départ. Après deux jours d’incertitude, les usagers de crack ne seront finalement pas transférés vers le XIIe arrondissement. Ce vendredi, dans un communiqué de presse, l’institution dirigée par Didier Lallement entérine l’abandon du projet et prend acte de «la virulente opposition de la maire de Paris à tout projet de déplacement des usagers du crack hors de la place A. Baron, allant jusqu’à envisager des recours juridictionnels contre lui».

Dans une missive publiée tard mardi 25 janvier, la préfecture de police de Paris avait annoncé sa volonté de transférer les quelque 200 consommateurs installés depuis quatre mois dans le Nord-Est parisien, regroupés au sein au square Forceval, étroit carré de verdure encastré le long du périphérique, porte de la Villette.

Réunion d’urgence prévue le 1er février

Sans pour autant que ne soit mentionnée une quelconque date d’évacuation, cette annonce de la préfecture de police avait sidéré l’ensemble des acteurs qui travaillent autour de la lutte contre l’addiction au crack dans la capitale. Ce mercredi, lors d’une conférence de presse organisée à l’hôtel de ville, Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire Anne Hidalgo, avait rappelé que le choix de cette zone d’aménagement située dans le XIIe arrondissement sur un terrain de la SCNF était une «absurdité absolue» et une «décision solitaire prise sans concertation aucune».

Même la députée LREM Laetitia Avia avait déclaré jeudi matin avoir obtenu des «garanties» sur le fait que cette opération n’aurait pas lieu dans les prochaines semaines. Exit donc ce nouveau déplacement. Mais face à l’urgence de la situation du crack à Paris, une réunion est prévue mardi prochain et réunira les partenaires du plan crack, la préfecture d’Ile-de-France et l’Agence régionale de santé.

Dans sa lettre publiée ce vendredi matin, le préfet de police indique poursuivre sa stratégie porte de la Villette, ciblant notamment les abris de fortune érigés çà et là dans le square. Lundi 24 janvier, les forces de l’ordre ont une nouvelle fois visé les tentes. Une méthode décriée par les associations qui mettent en avant les dangers liés à la destruction des campements. «Cette intervention inhumaine et indigne a pour conséquence la mise en danger des personnes déjà très précarisées. […] Nassés toute la journée, les occupants du camp ont perdu leurs papiers et ont été empêchés de se rendre à des rendez-vous médicaux pourtant urgents et nécessaires. […] Aucune mise à l’abri ne leur a été proposée pour affronter une nuit de température négative», avait réagi dans un communiqué la Fédération addiction.

Pour Didier Lallement, hors de question de voir «un bidonville» se construire à cet endroit «masquant les trafics à la vue des policiers». Pour défendre son action, la préfecture met en avant son bilan : 388 personnes ont été interpellées pour trafic en 2021, conduisant à de fréquentes condamnations à des peines de prison ferme, et 419 personnes interpellées pour usage.