«Je me suis souvent dit que si certains sujets touchaient les hommes, la recherche avancerait plus vite.» Caroline De Pauw, sociologue et chercheuse associée au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), spécialiste des inégalités sociales de santé, rit jaune. Les femmes ont beau représenter la moitié de la planète, elles sont les grandes oubliées de la recherche en médecine. Même si les choses évoluent doucement, cette injustice perdure. Dans son rapport d’analyse prospective «Sexe, genre et santé», publié en 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) indiquait que «les différences entre les sexes sont nombreuses, insuffisamment documentées, trop souvent ignorées, et parfois sources d’iniquités en santé».
Des sujets tabous
Dans la recherche, «le corps féminin s’est construit comme un corps par défaut parce que le corps de référence était celui de l’homme, note Caroline De Pauw. Résultat, les éléments féminins ont été considérés comme des spécificités et non pas comme des éléments inhérents à tous les corps». Ce qui explique que les femmes ont longtemps été sous-représentées dans les expérimentations, majoritairement menées sur des hommes. Les chercheurs ont pu se montrer peu encl