Nouveau tour de vis contre des dérivés du cannabis. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient d’ajouter certains de ces produits sur la liste des stupéfiants. «À partir du 3 juin, leur production, leur vente et leur usage notamment, seront interdits en France», annonce le gendarme du médicament ce vendredi 24 mai. Et ce, «en raison des risques et de la possible dépendance liés à leur usage.»
Les molécules concernées sont les cannabinoïdes hémisynthétiques H4-CBD et H2-CBD, issues de la transformation des substances naturelles de la plante par un processus chimique, et des cannabinoïdes purement synthétiques. Elles se retrouvent dans des produits généralement vendus sur internet et dans des boutiques de CBD : huile, résine, herbe, spray, bonbons ou gummies, et même liquides pour cigarettes électroniques.
«Effets graves sur la santé»
Ce sont des «signalements de consommations» ayant entraîné «des effets graves sur la santé des usagers» qui ont alerté l’Agence, précise Agnès Laforest-Bruneaux, directrice adjointe de la direction de la surveillance à l’ANSM. Et leur action «sur le système nerveux central, sur les aspects de perception, les sensations, l’état de conscience» a motivé leur classement. «Elles présentent des risques pour le consommateur parce qu’elles miment les effets du THC, principal composant psychoactif du cannabis, avec des effets graves et plus intenses que ceux ressentis avec la consommation de cannabis», prévient la spécialiste.
Et pour cause : consommer ces produits peut engendrer des effets indésirables immédiats. Parmi la liste dressée par le gendarme du médicament, on retrouve vomissements, perte de connaissance, coma, convulsions, paranoïa, anxiété, hypertension artérielle, tachycardie. «Ces effets sont souvent plus intenses que ceux ressentis lors de la consommation de cannabis et peuvent nécessiter une prise en charge urgente des professionnels de santé, plus particulièrement avec les cannabinoïdes de synthèse», alerte l’ANSM.
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Aussi, depuis septembre 2023, «90 cas ont été remontés aux centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) dont 40 % ont conduit à une entrée aux urgences ou une hospitalisation», précise l’autorité publique. Les consommateurs peuvent même développer une dépendance, comme pour le cannabis. D’autant que la composition de ces produits «peut ne pas correspondre à celle indiquée sur l’emballage du produit vendu».
Du fait de ces risques, l’ANSM maintient «une surveillance attentive de l’émergence de nouveaux cannabinoïdes sur le marché et de leurs effets sur la santé», en lien avec les centres spécialisés. Et se tient prête à prendre la décision de classer d’autres substances comme stupéfiants «si nécessaire», assure Agnès Laforest-Bruneaux. Car la filière est réactive, et a tôt fait de synthétiser de nouveaux produits dès qu’une interdiction est prononcée.
Cette décision survient près d’un an après le classement comme stupéfiant, et donc l’interdiction, des produits à base d’hexahydrocannabinol (HHC), autre molécule dérivée du cannabis. Contrairement au THC, le CBD n’est pas visé par la décision de classement sur la liste des stupéfiants car, comme le rappelle l’ANSM, «il ne présente pas notamment de risque d’abus ou de dépendance».