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Billet

Déconfinement : Jean Castex toujours muet sur la ventilation

Déconfinementdossier
Le plan de réouverture des lieux clos du Premier ministre ne dit pas un mot sur la ventilation. Encore un non-sens scientifique dans la gestion de crise par le gouvernement.
Jean Castex le 28 avril. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 11 mai 2021 à 16h36

Incompréhensible. Dans son interview au Parisien sur les étapes du déconfinement, le Premier ministre détaille le nombre de mètres carrés par personne autorisés dans les lieux clos. En revanche, il n’y a pas un mot pour la ventilation. Une fois de plus, le gouvernement oublie complètement la transmission du Covid-19 par aérosolisation des particules virales.

Si une personne infectée se trouve dans une pièce, le virus va rester en suspension dans l’air si celui-ci n’est pas renouvelé. Il faut imaginer un nuage de fumée de cigarette planant au-dessus de nos têtes. Ainsi, on peut être infecté sans avoir directement côtoyé une personne malade. Le gouvernement devrait insister sur ce mode de contamination à l’heure de la réouverture des cinémas, théâtre, bars et restaurants.

Le Conseil scientifique non sollicité

Mais non, Jean Castex ne prononce ni les mots «ventilation», «aérosolisation» ou «aération». Rien. Le Premier ministre nous explique pourtant que ses recommandations sont basées sur les avis du Haut Conseil pour la santé publique (HCSP). Ce qui est, au passage, encore une rebuffade pour le Conseil scientifique dont l’avis n’a même pas été sollicité.

Mais s’il change de conseillers, l’exécutif continue son écoute sélective. En effet, l’aérosolisation est reconnue comme mode d’infection par le Haut Conseil de santé publique depuis juillet 2020. Le HCSP a même émis, il y a quelques jours à peine, un avis spécifique sur l’aération des lieux accueillant du public. Il est explicitement écrit que les jauges doivent s’accompagner de «l’aération/ventilation des locaux».

Les scientifiques recommandent notamment de s’assurer de la qualité de l’aération grâce à des mesures de dioxyde de carbone, de ne pas diriger un ventilateur vers les personnes, de privilégier le renouvellement complet de l’air et de s’assurer de la bonne maintenance des systèmes de ventilation. A minima, ils recommandent d’aérer les lieux cinq minutes toutes les heures.

Des points cruciaux, car, comme l’indique le HCSP dans un autre avis, la France a, «de manière empirique» choisi «une stratégie d’adaptation à un virus devenant endémique et probablement saisonnier». Si le Sars-Cov-2 est appelé à revenir chaque hiver, des lieux clos bien ventilés seront indispensables.

Tout se passe comme si le gouvernement n’avait pris en compte que le haut du schéma ci-dessous, sur «les mesures à mettre en œuvre pour la réouverture des activités dans les établissements recevant du public», publié le 18 avril. Le HCSP y détaille les mesures à prendre en fonction du risque associé à la situation épidémique. La ventilation n’est jamais une option.