Dans le cimetière de Pirae à Tahiti, Denis et Moana quittent d’un pas lourd les obsèques d’un proche voisin, décédé deux jours plus tôt du Covid-19. L’après-midi même, ce sont celles d’une autre amie, figure de l’île, qui les attendent. La veille au soir, ils apprenaient la mort à domicile d’un neveu : le virus n’avait pas été détecté au préalable, mais est fortement suspecté comme cause du décès. Depuis une quinzaine de jours, le nombre de morts atteint des niveaux très élevés dans ce territoire du Pacifique, 127 pour la dernière semaine écoulée, un record funeste. En temps normal, la Polynésie française comptabilise 4 décès quotidiens, toutes causes confondues. Alors, les enterrements s’enchaînent, à un rythme effréné.
Au cimetière de l’Uranie à Papeete, le plus grand de Polynésie, les équipes municipales réalisent entre quatre et cinq inhumations par jour, soit autant qu’en une semaine avant que le Covid-19 ne fasse son apparition. «Ça va tellement vite avec le virus que, pour les familles qui n’ont pas de concession, on creuse rapidement un trou pour des inhumations en pleine terre sans plaque ni pierre tombale», déplore Tom, fossoyeur, mains gantées et combinaison blanche intégrale sur le dos. Ici, des enterrements sont programmés tous les jours de la semaine, dimanche compris, comme l