On l’annonce à deux doigts de prendre une retraite contrainte : Didier Raoult n’a pas manqué de réagir à l’annonce de son possible départ de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée. Invité de la matinale de CNews ce lundi matin, Didier Raoult s’est dépeint comme une victime de François Crémieux, le nouveau directeur général des hôpitaux publics de Marseille (AP-HM). «Il arrive pour faire le ménage et je fais partie des objets dont il voudrait faire le ménage, a pesté l’infectiologue controversé aux micros de la chaîne très droitière. C’est le grand copain de Hirsch, et comme j’ai dit ce que je pensais de la gestion de Paris, qui a été absolument épouvantable, il m’en veut beaucoup.»
Ex-adjoint de Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), François Crémieux a pris les fonctions de directeur général de l’institution marseillaise en juillet et a assuré au Monde vouloir lancer le processus de recrutement d’un successeur au professeur Raoult. Au 31 août, le promoteur du traitement controversé à l’hydroxychloroquine sera officiellement à la retraite en tant que professeur des universités et praticien hospitalier. Dès le mois de septembre, François Crémieux et Eric Berton, le président d’Aix-Marseille Université (AMU), devraient proposer de lancer un appel d’offres pour lui trouver un successeur.
Un départ pas encore acté
«J’aurais pu être recruté comme praticien hospitalier contractuel pendant encore deux ans, ça rapporterait plus de deux millions d’euros par an à l’Assistance publique, du fait de mon activité scientifique qui génère de l’argent», a plaidé Didier Raoult. Il s’est en revanche abstenu d’évoquer les millions d’euros que les recours massifs aux hospitalisations de jour au sein de l’AP-HM pour prescrire de l’hydroxychloroquine ont coûtés à la Sécurité sociale, sans que l’efficacité du médicament contre le Covid-19 n’ait été prouvée, comme l’a révélé Libération dans une enquête publiée en mars.
Néanmoins, comme l’a souligné le professeur ce lundi, la décision sur sa demande de prolongation sera prise par le conseil d’administration de la fondation qui chapeaute l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille. Dans ce conseil, François Crémieux «n’a qu’une voix» sur 18, ce qui fait que sa volonté d’imposer à l’infectiologue de 69 ans de prendre sa retraite n’est pas actée.
A lire aussi
La semaine dernière, le professeur Raoult avait fait parler de lui, via une vidéo sur la page YouTube de l’IHU dans laquelle il affirmait notamment que «l’Islande a plus de cas maintenant que jamais», alors que c’est le pays «qui a été le plus vacciné de tous les pays développés», ou que «globalement, la protection vaccinale contre les variants est modeste en termes d’épidémiologie».
Des propos qualifiés d’«inacceptables» par le professeur Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale de l’AP-HM, pour qui cela «donne du grain à moudre aux complotistes et autres antivax». Et le professeur Jouve de rappeler que 95% des malades du Covid-19 actuellement en réanimation à l’AP-HM ne sont pas vaccinés.
A lire aussi