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Industrie pharmaceutique

Doliprane : le fonds français PAI Partners surenchérit face à l’offre américaine, Sanofi s’étonne

Le fonds d’investissement PAI Partners a transmis ce jeudi 17 octobre une offre mieux-disante que son concurrent américain CD&R pour le rachat d’Opella à Sanofi.
A Paris, en juillet. (Benoit Tessier/REUTERS)
publié le 17 octobre 2024 à 14h00
(mis à jour le 17 octobre 2024 à 21h17)

Rebondissement dans la cession d’Opella, la filiale de Sanofi qui commercialise notamment le Doliprane, médicament le plus consommé en France. Selon les informations du Monde et du Figaro, confirmées par l’AFP, le fonds d’investissement PAI Partners, établi à Paris, a transmis ce jeudi 17 octobre une offre mieux-disante que son concurrent américain CD&R. Le courrier a été envoyé à Frédéric Oudéa, le président du conseil d’administration du groupe Sanofi, et comprend «une offre améliorée à hauteur de 200 millions d’euros supplémentaires» par rapport à l’offre précédente de PAI Partners, ce qui rend le fonds français «le mieux disant financièrement» et d’«un point de vue social aussi», selon une source de l’entourage du fonds citée par l’AFP.

Le groupe pharmaceutique français s’est dit «étonné» de cette «offre améliorée» hors «des délais». Il est «surprenant qu’une offre révisée soit rendue publique», juge Sanofi dans un communiqué, en rappelant avoir annoncé le 11 octobre sa décision de négocier en exclusivité avec le fonds d’investissement américain CD&R afin de lui céder potentiellement 50% d’Opella. Sanofi rappelle dans sa réponse que «le processus de recherche d’un éventuel partenaire pour Opella a été long ; que les candidats à la prise de participation ont tous eu la même opportunité de remettre leur meilleure offre ; et ce, dans les temps prévus par ce processus, identique pour tous». «Sanofi s’étonne donc qu’une offre améliorée soit faite maintenant, en dehors des délais et du processus de gouvernance qui ont présidé à la décision», ajoute le groupe.

Sanofi a annoncé la semaine dernière négocier avec le fonds d’investissement américain CD&R afin de lui céder potentiellement 50% d’Opella, sa filiale qui commercialise une centaine de marques de produits sans ordonnance dans le monde, dont le Doliprane (le paracétamol) en France. Les syndicats, qui ont lancé une grève reconductible contre cette éventualité, craignent une «casse sociale» dans les 1 700 emplois que compte Opella sur le sol français, dont 500 sur son site de Compiègne (Oise) et 250 dans son usine de Lisieux (Calvados). Ils ont prévu un rassemblement sur le site de l’usine de Compiègne ce jeudi entre 13 heures et 15 heures, avec la venue du député Nouveau Front populaire François Ruffin.

L’annonce stratégique de Sanofi, nouvel exemple du recentrage de la «Big Pharma» sur l’innovation, a rapidement pris une tournure politique étant donné la popularité de ce médicament utilisé pour soulager la douleur et la fièvre. Ce projet fait en outre écho aux enjeux de politique sanitaire dans un contexte déjà marqué par des difficultés d’approvisionnements de certains médicaments, dont des pénuries de paracétamol à l’hiver 2022-2023. Les contours de cette éventuelle transaction sont encore en phase de discussion mais la perspective de l’arrivée d’un acteur financier étranger au capital d’Opella inquiète jusqu’au sommet de l’Etat.

Avant de procéder à cette surenchère, une offre du fonds français PAI Partners, épaulé par les fonds d’Abou Dhabi Avia, singapourien GIC, et le canadien BCI, avait été remise jeudi dernier «à un prix équivalent» à celui de CD&R. Sanofi a toutefois jeté son dévolu sur CD&R en prenant en compte des critères stratégiques, notamment le fait que les Etats-Unis sont le premier marché d’Opella avec près de 25% de son chiffre d’affaires. Interrogé jeudi en début d’après-midi, Sanofi s’est refusé à tout commentaire.

Mis à jour : à 14h55 avec davantage de contexte ; à 21 heures, avec la réaction de Sanofi.