En ce mois d’avril, comme il l’avait annoncé, le gouvernement a mis en place le doublement de la franchise sur les soins. Aujourd’hui, les assurés paieront de leur poche un euro sur chaque boîte de médicament et chaque acte paramédical, deux euros sur chaque prise de sang et chaque consultation, quatre euros sur chaque transport sanitaire. C’est l’histoire d’une défaite, une défaite parmi tant d’autres dans les luttes sociales. Mais celle-ci a un goût particulièrement amer.
La grève des soins pour «réveiller l’opinion publique»
Je me souviens de ce coup de téléphone, au cabinet médical, en janvier 2008. Un journaliste m’appelait pour recueillir ma réaction. «Vous êtes au courant ? Un patient atteint du sida a entamé une grève des soins pour attirer l’attention sur les conséquences des franchises…» Si cette nouvelle m’avait glacé à l’époque, elle ne m’avait pas surpris. Parce qu’en 2006, quand j’avais vu Nicolas Sarkozy gesticuler à la convention santé de l’UMP à l’Assemblée nationale et s’étonner : «Nous parlons d’assurance maladie. Y a-t-il une seule assurance sans franchise ?» – en escamotant le mot «solidaire» – j’avais saisi immédiatement que cette lubie néolibérale,