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Drogues en France : des produits de plus en plus concentrés, la cocaïne toujours plus recherchée

L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié ses résultats annuels ce mardi 17 décembre sur la composition des stupéfiants en circulation en France et a alerté sur leur teneur élevée et les dérivés de synthèses.
La cocaïne reste le produit le plus fréquemment collecté par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives. (Clément Martin/Hans Lucas)
publié le 17 décembre 2024 à 18h21

A lire la dernière étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée ce mardi 17 décembre, le cannabis, la cocaïne et la MDMA ont un point commun : leur taux de concentration en substances actives, qui a encore augmenté en 2023.

La cocaïne reste le produit le plus fréquemment collecté par l’Observatoire, soit 101 échantillons collectés l’an dernier sur 731, ce qui atteste d’une demande et d’une consommation importante du produit en 2023. Or, sur ces prélèvements, 57 % d’entre eux ont présenté un taux de pureté d’au moins 80 %, contre 35 % en 2022. L’OFDT note ainsi une présence restreinte de produits de coupe - une substance ajoutée «afin d’augmenter le poids total du produit à la revente». «Les usagers sont exposés à davantage de risques, notamment dans le cadre de l’expérimentation [une première consommation, NDLR], où ils ne sont pas habitués à des produits si forts», a souligné Sabrina Cherki, toxicologue et coordinatrice nationale du Système d’identification national des toxiques et des substances (Sintes), le dispositif d’observation des produits psychoactifs illicites coordonné par l’OFDT.

Concernant le cannabis, la résine de cannabis collectée en 2023 a présenté des teneurs autour de 30 %, contre 29,4 % en 2022 et de 16 % pour l’herbe, contre 9,5 % en 2022. Par ailleurs, l’OFDT point du doigt une offre des produits de cannabis de plus en plus diversifié, allant des formes très concentrées aux formes comestibles et qui peuvent conduire à des intoxications aiguës. C’est le cas d’une huile de cannabis, une «super-résine», qui a été collectée en 2023, dosée à 78 % de delta-9-THC, le composant du cannabis ayant un effet psychotrope.

L’héroïne blanche «très transformée et très concentrée» en région parisienne

Même tendance pour l’héroïne, qu’il s’agisse de sa forme blanche, très fine et légère, ou brune, granuleuse et majoritaire sur le marché. Pour les 7 échantillons contenant de la poudre blanche prélevés en 2023, les teneurs s’échelonnent entre 12,8 % et 88,3 %, contre 19 % et 58 % en 2022, sur une base de 4 échantillons collectés. De son côté, la forme de base l’héroïne brune, a enregistré en 2023 des teneurs entre 2,0 % et 70 %, pour les 72 échantillons étudiés, contre une teneur minimale de 3 % et une maximale de 60,9 %, sur les 60 échantillons analysés en 2022.

La toxicologue Sabrina Cherki a notamment pointé un «marché de l’héroïne banche très transformée et très concentrée» en Ile-de-France. «On observe aussi la circulation d’opioïdes de synthèse vendus comme de l’héroïne», a expliqué l’experte. Ce fut le cas au printemps 2023 : une série d’overdoses, dont une mortelle, a été signalée autour de Montpellier, associée à un produit qui était vendu comme de l’héroïne alors qu’il s’agissait d’un isotonitazène, un puissant opioïde de synthèse.