Emmanuel Macron avait promis en avril de «désengorger les urgences d’ici fin 2024». Or «rien n’a changé», a affirmé mercredi Marc Noizet, président du syndicat Samu-Urgences de France, confirmant ce que les soignants expliquaient à Libération dans la foulée de la promesse présidentielle. Cette annonce du représentant hospitalier s’inscrit dans une période où se succèdent les fermetures temporaires. Dernière en date : le grand centre hospitalier intercommunal (CHIV) de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) qui va fermer ses urgences pédiatriques pendant le réveillon.
Comme sur tout le territoire, c’est le manque de personnel qui a amené cette fermeture, du 31 décembre à 9 heures au 1er janvier à la même heure. En l’occurrence, à Villeneuve-Saint-Georges, l’absence d’un médecin de garde, affirme un membre du service concerné au Parisien. «Les problèmes d’effectifs au CHIV sont connus. Il y a actuellement plus de 90 postes d’infirmières à pourvoir dans l’établissement !» regrette auprès du quotidien Hélène Scherrer, secrétaire du syndicat CGT dans l’établissement.
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Mais cette annonce succède à d’autres, dans toute la France. Urgences de Gassin, près de Saint-Tropez, de nouveau fermées la nuit en janvier, celles de Pertuis (Vaucluse), des Sables d’Olonne, Montaigu et Luçon (Vendée) ou d’Ancenis (Loire-Atlantique) pendant les vacances de noël, de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) début janvier, de Guebwiller (Haut-Rhin) cette semaine…
Plan blanc activé en Alsace
Plus au nord, c’est le CHU de Strasbourg qui a été obligé de déployer une unité sanitaire devant ses urgences pour éviter l’engorgement et les files d’attente, alors que le plan blanc a été activé en Alsace mi-décembre, permettant aux directeurs d’hôpitaux de déprogrammer des opérations non urgentes ou de réorganiser les plannings des personnels.
«Dans le Finistère, trois services d’urgence sont entrés dans un mouvement de grève début décembre», «à Bordeaux, on n’a plus la capacité de décrocher au centre 15» et «dans le Var, c’est un service d’urgences sur deux qui ferme dorénavant la nuit», a encore décrit Marc Noizet, par ailleurs chef du service des urgences de Mulhouse. «Cette année, encore une fois, on a la problématique de la conjonction de plusieurs épidémies», avec notamment «la grippe en pleine ascension dans la partie est de la France» et «une recrudescence du Covid», a-t-il expliqué, ajoutant : «Tous les jours dans les services d’urgence, il y a des files de patients qui attendent qu’un lit d’hospitalisation puisse se libérer.» Les services d’urgence sont «actuellement saturés, comme tous les hivers», résume le représentant hospitalier.
«Absence de visibilité» après la démission d’Aurélien Rousseau
Ces problèmes pendant les vacances de noël interviennent après ceux des vacances d’été. Au moins 163 services d’urgence avaient été contraints de fermer «faute de ressources humaines» au cours de la saison, dont 43 % à plus de dix reprises, selon une enquête publiée en septembre par l’association professionnelle Samu-Urgences de France.
Face aux tensions en termes de recrutements à l’hôpital public, l’indemnité forfaitaire pour le travail des dimanches et jours fériés et le travail de nuit pour une partie du personnel hospitalier seront revalorisés au 1er janvier, conformément aux engagements du gouvernement. Mais cinq ministres ont déjà défilé à la tête du ministère de la Santé sous la présidence d’Emmanuel Macron depuis 2017, le dernier en date étant Aurélien Rousseau, qui a démissionné le 20 décembre pour protester contre la loi immigration. Ce qui fait regretter à Marc Noizet «une absence de visibilité» pour le système de santé. Et de conclure : «On a besoin de vraies mesures qui portent l’avenir et on les attend.»