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Scandale

Ehpad : Orpea dévoile son plan pour assainir ses finances

Le groupe d’Ehpad privés dévoile ce mardi son plan de transformation, alors qu’il est en pleine tourmente financière. Entre scandale humain et financier, Orpea veut se refaire un nom et assainir sa situation économique.
Le siège social du groupe privé d'Ehpad Orpea, à Paris. (Gilles Bassignac /Divergence)
publié le 15 novembre 2022 à 10h35

Nouvelle étape dans le travail de reconquête du groupe d’Ehpad privés. Orpea dévoile ce mardi son plan de transformation, près de dix mois après la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet. Au cœur d’un scandale aussi bien humain que financier, l’entreprise tente de soigner sa réputation et d’assainir sa situation financière, alors que son avenir est menacé. A tel point qu’Orpea prévient dans un communiqué ce matin : «le groupe est exposé à un risque de manque de liquidité au cours du premier trimestre 2023.»

Les négociations démarrent ce mardi avec les créanciers, dans le cadre d’une procédure de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre afin de renégocier sa dette colossale de 9,5 milliards d’euros mais aussi de lever de l’argent frais. Au programme de l’entreprise : vendre des actifs immobiliers ou encore convertir une partie de sa dette en capital. Orpea «s’attend à ce que, à l’issue de ces opérations, au moins 20 % de son capital social soit détenu par des investisseurs institutionnels français à long terme», indique le communiqué du groupe.

«Orpea s’est éloigné de son cœur de métier»

Cette négociation est censée permettre au groupe de retrouver la marge de manœuvre nécessaire à la mise en place de son plan de transformation, qui englobe l’aspect financier mais également le volet humain. Les objectifs affichés sont divers : changer les équilibres financiers d’une part, mais également faire évoluer l’approche du soin ou encore les pratiques managériales. Orpea prévoit notamment la mise en place d’une nouvelle politique de ressources humaines visant à améliorer la prise en charge des résidents, mais aussi à «fidéliser» les collaborateurs au nombre de 26 000 en France et 71 676 dans le monde. Reste à voir ce que donneront ces promesses dans la pratique, alors que les salariés d’Orpea ont dénoncé à répétition l’inaction du groupe ces derniers mois.

Orpea compte également revoir sa stratégie en matière d’immobilier et se désengager de certains pays où il s’était récemment implanté, alors que le groupe s’est largement développé à l’international. «Il y a eu une fuite en avant. La croissance de cette entreprise et notamment à l’international a été financée par de la dette», indiquait récemment à Libération le nouveau directeur général d’Orpea, Laurent Guillot.

Le groupe a en outre identifié «un portefeuille d’actifs immobiliers estimé à plus d’un milliard d’euros, prêt à être cédé dès que les conditions de marché le permettront». Et prévoit à terme de détenir en propre 20 à 25 % du portefeuille, contre 47 % à fin 2021. Ce plan de transformation doit permettre au groupe de réaliser 9 % de croissance annuelle de son chiffre d’affaires d’ici 2025 et une marge d’Ebitda supérieure à 20 % en 2025 contre 17 % aujourd’hui et 25 % en 2021. Cité dans le communiqué matinal de l’entreprise, Laurent Guillot commente en substance ce plan dont le contenu était vivement attendu : «Orpea s’est éloigné de son cœur de métier, en privilégiant un développement international et immobilier trop rapide, au prix d’un endettement excessif et d’une situation financière très fragilisée.» Entre toutes ces promesses, un travail de longue haleine devrait donc débuter.