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Reportage

«Ehpad sauvage» ou «colocation» : dans le Loiret, un lieu de vie pour seniors soupçonné de maltraitance

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Après la découverte de trois personnes âgées en détresse dans une maison de retraite sans agrément à Dordives, une enquête a été ouverte notamment pour «délaissement». Signalée dès 2019 aux autorités, la propriétaire est passée outre et assure avoir choyé ses locataires.
Dans l'«Ephad sauvage» de Chantal R. à Dordives (Loiret), le 9 janvier. (Martin Colombet/Libération)
publié le 18 janvier 2023 à 20h12

De l’extérieur, la colocation pour seniors de Dordives (Loiret) ne donne pas envie d’y finir ses jours. Qualifiée d’«Ehpad sauvage» par la presse locale dans des papiers glaçants parus en décembre, l’ancienne auberge est posée sur un parking au macadam défoncé, entre un restaurant chinois fermé et un atelier de mécanique. Le 14 octobre, sur signalement du maire de la commune, Jean Berthaud, des agents du département accompagnés de gendarmes en ont sorti un vieil homme atteint de troubles mentaux, accueilli depuis dans une maison de retraite voisine, et deux femmes âgées depuis décédées. Ils auraient découvert une scène effroyable, selon le quotidien la République du Centre, qui a révélé l’affaire. L’article évoque «trois personnes âgées dépendantes, en hypothermie et dénutries, laissées dans des couches souillées d’excréments». Près d’elles, «des cordelettes qui auraient servi à les attacher dans leurs lits la nuit» ont été retrouvées.

Sous le ciel gris, au bord de la nationale 7 qui coupe Dordives en deux, commune loirétaine de 3 300 habitants, le lieu qui accueillait depuis 2005 des personnes âgées dépendantes semble coller à l’histoire glauque racontée par les journaux. Il y a des barreaux aux fenêtres et une morne pelouse devant le bâtiment, avec vue sur la nationale et la station-service. Des scellés de justice interdisent l’accès à la plus grande partie de ce bâtiment de plain-pied de 400 m², sauf deux chambres et une cuisine où Chantal R., l