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N'ayez pas peur

Elevage de punaises de lit à l’IHU de Marseille : «Regardez bien, elle va vous piquer et on va la voir se gorger de sang»

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Depuis dix ans, l’entomologiste Jean-Michel Bérenger élève près de 15 000 punaises de lit pour étudier leur fonctionnement. Il les nourrit, les observe au microscope, teste leur résistance à certaines maladies et aux insecticides… et les ramène parfois chez lui.
Jean-Michel Bérenger à l'IHU de Marseille cet été. (Leonor Lumineau/Hans Lucas)
par Margaux Gable, Envoyée spéciale à Marseille (Bouches-du-Rhône)
publié le 9 octobre 2023 à 7h20

«A votre tour ! Vous verrez, la piqûre de punaise de lit est totalement indolore.» Sur la paillasse, un flacon en plastique, grand ouvert, dans lequel grouillent près d’un millier de bestioles. Tout sourire, Jean-Michel Bérenger, entomologiste à l’institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, y plonge sa pince et en ressort une, visiblement adulte, de quelques millimètres à peine, avant de la reposer avec ses congénères. Pour ce genre d’expérience, un bébé sera mieux. Le scientifique retire l’insecte – quasi invisible à l’œil nu – de son cocon et nous la colle sur le poing, nerveusement serré sous le microscope. «Regardez bien, elle va vous piquer et on va la voir se gorger de sang», plaisante-t-il. Comment en est-on arrivé là, déjà ?

A peine a-t-elle effleuré l’épiderme que la punaise de lit reconnaît l’aspect de la peau. La voilà devenue folle, à enfoncer puis retirer frénétiquement son «stylet mandibulaire», sorte de trompe avec laquelle elle suce le sang de ses victimes. Comme le moustique, elle «teste» plusieurs endroits avant de piquer. «Elle cherche vos capillaires sanguins», nous explique Jean-Michel Bérenger. Comme ce dernier l’avait prédit, en quelques secondes, son minuscule corps transparent se gorge de sang et l’insecte change de couleur. Aucune douleur, c’est vrai, et, pour