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Reportage

En manque de médecins urgentistes, la Sarthe se tourne vers les paramédicaux

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Pour intervenir plus vite auprès des habitants résidant loin du Mans, le Samu a installé en mai une équipe paramédicale d’urgence dans le sud du département. Après six mois d’activité, l’expérimentation donne satisfaction aux élus et à la population.
Les équipes paramédicales d’urgence arrivent en moyenne vingt-quatre minutes avant celles du Smur. Ici lors d'une intervention à Château-du-Loir, dans la Sarthe, jeudi. (Pascal Montagne/Hans Lucas pour Libération)
par Nathalie Raulin et photos Pascal Montagne
publié le 24 octobre 2021 à 12h39

Quand Marc Antoine et Joris passent le pas de sa porte, Lucette a un premier mouvement de recul. La vieille dame n’attendait pas les secours si vite. Moins d’un quart d’heure qu’elle a appelé le 15. Trop court pour que le Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) puisse avoir parcouru les 50 kilomètres qui séparent Le Mans de son pavillon de Château-du-Loir, bourgade aux confins sud de la Sarthe. Pour tromper l’inquiétude de l’aube, Lucette téléphone. A sa fille, elle raconte sa fin de nuit tourmentée, ce curieux sentiment d’oppression et de vibration dans la poitrine qui, depuis quelques jours, ne la lâche plus et qui pourrait bien cacher autre chose qu’une simple «angoisse». «Il faut raccrocher», la presse gentiment Marc Antoine. L’infirmier n’a pas une minute à perdre. Il faut faire vite pour éviter à l’octogénaire toute «perte de chance». Pour démontrer aussi l’utilité de l’équipe paramédicale d’urgence (EPMU) de Château-du-Loir à laquelle il appartient, en cours d’expérimentation depuis mai. Une équipe mobile d’intervention qui, à la différence des Smur, opère sans médecin. Une première en France.

Allongée à demi dévêtue sur son canapé semé de napperons au crochet, Lucette s’abandonne en confiance. Pendant que Joris, aide soignant de 28 ans, pose électrodes, tensiomètre et perfusion, Marc Antoine reconstitue les antécédents médicaux et les traitements de la patiente. «C’est bon, on a du réseau, je peux appeler le médecin régulateur», se félic