Le prix à payer d’années de dégradation de l’environnement. Les investissements liés au traitement des micropolluants – résidus de détergents, de pesticides, de médicaments, de cosmétiques ou encore d’hydrocarbures présents en faible concentration – dans les eaux usées de l’agglomération parisienne pourraient coûter jusqu’à un milliard d’euros dans les vingt ans à venir, a annoncé ce jeudi 2 octobre le Siaap, syndicat d’assainissement qui traite les eaux usées de plus de 9 millions de Franciliens.
Au total, la structure a prévu une enveloppe de 4,15 milliards d’euros d’investissements entre 2024 et 2034 pour construire de nouvelles installations, maintenir, et moderniser celles existantes. Ce budget a été voté en fin d’année dernière.
Enquête
Mais la somme devrait être revue à la hausse, car elle ne prend pas en compte les surcoûts liés la nouvelle mouture de la directive européenne pour les eaux résiduaires urbaines, dite «Deru 2». En cours de transposition au niveau des Etats, ce texte vise à renforcer la protection de l’environnement contre l’impact des rejets d’eaux usées des collectivités, en éliminant notamment les micropolluants.
«On estime entre 800 millions et 1 milliard d’euros qui devront être consacrés, […] dans les vingt prochaines années, au traitement des micropolluants», a fait savoir François-Marie Didier, président du Siaap, lors d’une conférence de presse ce jeudi. Ces surcoûts vont être discutés lors d’un conseil d’administration du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne au mois de novembre.
Augmentation de la redevance assainissement
La lutte contre les micropolluants est toutefois censée être financée à hauteur de 80 % par les industriels, selon le principe pollueur-payeur imposé par le texte européen. Les entreprises des cosmétiques et des médicaments sont principalement pointées du doigt par Bruxelles.
Enfin, «Deru 2» prévoit l’obligation pour les stations d’épuration d’être autosuffisantes en énergie. Sur ce point, le patron du Siaap a reconnu «ne pas savoir comment faire concrètement».
Dans tous les cas, la redevance de l’assainissement, une taxe payée par tous les propriétaires franciliens pour l’évacuation et le traitement des eaux usées, va «continuer d’augmenter», a averti François-Marie Didier. Elle a pourtant «déjà flambé ces dernières années», avec + 45 % en dix ans, et représente aujourd’hui environ 40 % de la facture d’eau.