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Enfants et adolescents autistes : une génération sous cachetons

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Anxiolytiques, somnifères, sédatifs… Près de quatre mineurs autistes sur dix prennent de puissants psychotropes en France, selon un livre à paraître jeudi, qui dévoile une analyse inédite de l’assurance maladie. Derrière cette surmédication, un manque de moyens criant pour prendre en charge ces enfants.
Thomas, 16 ans, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, et sa mère Elodie Marques Ferreira, à Vincennes le 10 décembre 2024. (Remy Artiges/Libération)
par Rozenn Le Saint et photo Rémy Artiges
publié le 20 janvier 2025 à 17h34

Dans la famille Marques Ferreira, l’armoire à pharmacie ne suffit pas. Un panier regorge de médicaments, dont des psychotropes. Cinq différents chaque jour pour Thomas, 16 ans, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) diagnostiqué à 2 ans. Sa mère, Elodie Marques Ferreira, a accepté que son petit blond aux yeux bleus soit mis sous Risperdal dès l’âge de 4 ans pour son effet calmant. Il s’agit d’un antipsychotique, aussi appelé neuroleptique, à l’origine réservé au traitement de la schizophrénie. Il peut être indiqué en dernière intention en cas d’agressivité persistante chez l’enfant à partir de 5 ans et l’adolescent sur une courte durée, jusqu’à six semaines. Douze ans plus tard, Thomas en avale encore tous les jours.

Dans la cuisine de l’appartement familial situé à Vincennes, le regard doux du garçon s’anime quand il parle d’une de ses passions, les parcs d’attractions. Il connaît le nombre exact de loopings de chaque manège du Parc Astérix. Difficile de l’imaginer en pleine poussée de colère. Quand cela arrive, Thomas prend, selon les périodes, des antipsychotiques comme le Tercian ou, à présent, du Largactil. Il est aussi sous Ritaline, un psychostimulant indiqué pour l’hyperactivité, ainsi que sous Trileptal, un antiépileptique en réalité utilisé «pour limiter son impulsivité», rapporte Elodie Marques Ferreira.

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