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Etats-Unis: la pandémie de Covid-19 est-elle vraiment «terminée», comme l’affirme Joe Biden ?

Midterms: Élections américaines de mi-mandat 2022dossier
Dans une interview télévisée diffusée dimanche 19 septembre, le président américain n’a avancé que des arguments vagues pour faire valoir son optimisme. Si les indicateurs Covid sont bien à la baisse aux Etats-Unis, son optimisme demeure prématuré.
publié le 19 septembre 2022 à 17h54

Un élan d’optimisme qui interroge après plus de deux ans de pandémie, d’innombrables vagues et de variants surprenants. Interviewé ce dimanche soir sur le plateau de l’émission américaine 60 Minutes, Joe Biden a assuré que «la pandémie était terminée». Le président américain ne cite aucun chiffre, se contentant plutôt d’observations nébuleuses : «Si vous regardez autour de vous, personne ne porte de masque et tout le monde a l’air plutôt en bonne forme», relate le chef d’Etat, qui a lui-même contracté le Covid fin juillet. Son affirmation a de quoi surprendre. D’ailleurs, pour le moment, aucun membre de son administration ou d’une institution nationale en charge de la santé n’a repris ses propos.

En regardant les chiffres de l’épidémie aux Etats-Unis, Joe Biden ne semble pourtant pas totalement dans l’erreur : les principaux indicateurs sont en baisse depuis cet été. Depuis le 8 septembre, il y a moins de 70 000 nouveaux cas en moyenne par jour – au plus bas depuis mai. Cette tendance s’observe dans quasiment tous les Etats, une dizaine d’entre eux ayant même vu cet indicateur chuter de près de moitié sur les dernières semaines. On est bien loin du pic connu à la mi-janvier, où s’était établie une moyenne de quelque 800 000 contaminations quotidiennes.

Les données hospitalières vont dans le même sens, avec une baisse de 12 % des nouvelles admissions sur les deux dernières semaines. Les décès quotidiens sont stables depuis fin-avril, à un niveau relativement «bas» avec 339 décès quotidiens en moyenne le 11 septembre.

Une récente étude, publiée par les Centres pour la prévention des maladies (CDC), indique même que le risque de mourir en cas d’hospitalisation due au Covid est descendu à son taux le plus bas – 4,9 % – depuis le début de la pandémie. Les scientifiques notent trois explications principales : «un haut taux de vaccination et d’immunité» – près de 68 % de la population américaine est totalement vaccinée –, «l’administration de traitements précoces aux patients à risques» et «la moindre virulence d’omicron et ses sous-variants». Comme en France, BA.5 est majoritaire aux Etats-Unis.

Après une vague modeste entre avril et juillet, l’épidémie recule donc bien outre-Atlantique. Est-ce pour autant la fin de la pandémie ou simplement une accalmie ? Il est un peu prématuré pour affirmer l’une ou l’autre option. D’autant que les Etats-Unis ont déjà connu des creux, plus ou moins importants, avant que les courbes ne remontent. En novembre dernier, le nombre de contaminations quotidiennes était comparable au 70 000 d’aujourd’hui, avant une énorme poussée de fièvre qui avait culminé mi-janvier à 800 000 nouveaux cas par jour.

Les «midterms» en ligne de mire

Le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a certes soutenu le 14 septembre que «la fin [de la pandémie] est à portée de main». Mais l’espoir du patron de l’OMS était surtout l’occasion d’appeler les pays à maintenir leurs efforts. «Si nous ne saisissons pas cette opportunité, nous courrons le risque d’avoir plus de variants, plus de morts, plus de perturbations et plus d’incertitudes», a-t-il d’ailleurs prévenu.

Dans un pays particulièrement endeuillé par le virus, l’affirmation de Joe Biden pourrait dépeindre un intérêt politique plutôt qu’une réalité scientifique. L’échéance des élections de mi-mandat aux Etats-Unis approche et le président, même s’il regagne du terrain, reste fragile. A moins de deux mois du scrutin, avoir vaincu la pandémie qui plombe le pays depuis deux ans et demi serait un argument électoral à ne pas négliger. Encore faudrait-il qu’il soit vrai.