Les bienfaits de la forme physique surpassent ceux de la minceur pour vivre longtemps et en bonne santé. C’est la conclusion de la plus vaste et complète étude menée à ce jour sur le lien entre la condition physique, l’indice de masse corporelle (IMC) et la longévité, qui révèle que la forme physique joue un rôle bien plus crucial pour la santé et la durée de vie que la minceur. En analysant de nombreuses recherches antérieures, les scientifiques ont découvert que le manque de condition physique double ou triple le risque de mourir prématurément, quel que soit l’âge ou l’IMC. En revanche, une personne obèse mais en bonne condition physique a environ deux fois moins de risques de décéder prématurément qu’une personne de poids normal mais faiblement endurante.
«Cela nous montre qu’il est bien plus important, toutes choses égales par ailleurs, de se concentrer sur la condition physique plutôt que sur la corpulence», explique Siddhartha Angadi, physiologiste de l’exercice à l’université de Virginie et auteur principal de l’étude. Publié en novembre dans le British Journal of Sports Medicine, ce travail s’ajoute aux recherches croissantes suggérant qu’il est possible d’être en bonne santé et de vivre longtemps quel que soit son poids, à condition d’être actif et en forme. Un message qui tombe à point nommé alors que les résolutions du Nouvel An battent leur plein : les résultats indiquent qu’un peu d’exercice suffit à améliorer sa forme et à réduire son risque de mortalité, qu’on ait pris du poids ou non durant l’année écoulée.
Peut-on être en surpoids et en bonne santé ?
La question de savoir s’il est possible d’être en surpoids tout en restant en bonne santé intrigue depuis longtemps les scientifiques, mais aussi toutes les personnes voyant leur tour de taille s’élargir. Jusqu’à présent, les preuves étaient partagées. Globalement, les personnes obèses présentent un risque accru de développer des maladies graves comme le diabète, le cancer ou les maladies cardiaques, et sont généralement plus susceptibles de mourir jeunes comparées aux personnes de poids normal.
Cependant, des études récentes suggèrent que la forme physique et l’activité physique peuvent changer la donne, quel que soit l’IMC. Une analyse de 2021, à laquelle Angadi avait également participé, avait comparé les bénéfices sur la longévité d’un programme d’exercice ou de régime chez des personnes obèses. Résultat : l’exercice réduisait le risque de décès prématuré de 30 %, même sans perte de poids, soit le double des gains obtenus grâce à un régime.
Toutefois, ces études antérieures impliquaient souvent de petits groupes, majoritairement des hommes et des Américains, et reposaient sur des données subjectives, comme les souvenirs des participants sur leur niveau d’activité. Pour cette nouvelle étude, Angadi et ses collègues ont donc élargi leur champ d’analyse.
Vingt études rassemblées
«Nous voulions inclure davantage de femmes et obtenir des données issues de différents pays», précise Angadi. Les chercheurs ont passé au crible les bases de données scientifiques pour identifier les études explorant le lien entre IMC, forme physique et longévité, en se basant sur des mesures objectives de la capacité aérobie, notamment via des tests d’effort cardiovasculaire. Ils ont ainsi sélectionné 20 études rassemblant près de 400 000 personnes d’âge moyen ou plus âgées, issues de plusieurs pays, dont environ 30 % de femmes.
Les participants ont été classés en deux groupes : les personnes «non entraînées», dont les résultats aux tests d’effort les plaçaient dans les 20 % inférieurs pour leur âge et leur sexe, et les personnes «entraînées», situées dans les 80 % supérieurs. Les chercheurs ont également analysé les données de mortalité sur des périodes de suivi allant jusqu’à deux décennies.
Sans surprise, l’obésité était fortement liée à la mortalité. Les personnes obèses et en mauvaise condition physique avaient trois fois plus de risques de mourir prématurément que les personnes en forme avec un IMC normal. Mais le manque de forme physique s’avérait tout aussi dangereux. En effet, les personnes de poids normal mais peu endurantes avaient deux fois plus de risques de décéder prématurément que celles obèses mais en bonne condition physique.
Les bienfaits de la marche rapide
«D’un point de vue statistique, la forme physique efface largement le risque» de décès précoce lié à l’obésité, souligne Angadi. «Cette étude est essentielle, car elle confirme que la condition cardiorespiratoire protège fortement contre la mortalité, quel que soit l’IMC, et renforce les preuves que cette relation s’applique aussi bien aux femmes qu’aux hommes», commente Barry Braun, directeur du Human Performance Clinical Research Laboratory à l’université d’Etat du Colorado, qui n’a pas participé à cette recherche.
L’étude suggère aussi qu’il suffit de peu d’efforts pour passer de la catégorie «non entraîné» à «entraîné». Selon Angadi, il suffit à une personne dans les 20 % les moins endurants de faire assez d’exercice pour atteindre le seuil des 20 % les plus entraînés. Pour la plupart d’entre nous, cela peut simplement passer par des «marches rapides», indique Angadi. Une activité physique modérée – c’est-à-dire un effort suffisant pour parler sans pouvoir chanter, comme une marche rapide avec les bras qui balancent – améliore de manière fiable la condition physique.
Plutôt que de s’inquiéter de son poids, mieux vaut donc marcher davantage et bouger plus, conseille John Thyfault, professeur au centre médical de l’université du Kansas, spécialiste de l’obésité et de l’exercice. «La science montre désormais sans équivoque que la forme aérobie est plus déterminante pour le risque de mortalité que le poids corporel, affirme-t-il. Oui, certaines personnes souhaitent perdre du poids pour diverses raisons. Mais il faut savoir qu’il est possible d’améliorer sa santé à son poids actuel simplement en bougeant davantage.»
Article original de Gretchen Reynolds, publié le 8 janvier 2025 dans le «Washington Post»
Cet article publié dans le «Washington Post» a été sélectionné par «Libération». Il a été traduit avec l’aide d’outils d’intelligence artificielle, sous la supervision de nos journalistes, puis édité par la rédaction.