Menu
Libération
Prévention

Femmes et hommes ne sont pas égaux face à l’alcool, avertit la Haute Autorité de santé

Les dommages sur la santé liés à la consommation d’alcool sont plus sévères chez la femme que chez l’homme, alerte ce mercredi 26 février la Haute Autorité de santé (HAS), qui plaide pour une sensibilisation des professionnels de santé.
Les femmes souffrent d’«une sous-évaluation médicale» et d’«un moindre accès aux aides disponibles», selon la HAS. (Jens Kalaene/dpa Picture-Alliance. AFP)
publié le 26 février 2025 à 12h33

Il s’agit d’«un sujet de santé globale», a averti ce mercredi 26 février la Haute Autorité de santé (HAS) : la consommation d’alcool entraîne chez la femme des complications plus graves, rapides ou spécifiques, comme le cancer du sein, que chez l’homme. Des effets sur la santé pas assez évalués ni assez accompagnés sur le plan médical, s’alarme l’autorité de santé dans un communiqué.

Les professionnels de santé, médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes, diététiciens mais aussi travailleurs sociaux, doivent être sensibilisés aux spécificités de l’exposition des femmes à l’alcool, au-delà des périodes de grossesse et de maternité, affirme la HAS qui publie à leur intention des documents d’information. En abordant ce sujet régulièrement en consultation, comme il le fait pour le tabagisme ou l’activité physique, tout «en veillant à éviter tout jugement moral», le personnel médical pourra accompagner les femmes «dans la compréhension de leurs usages et la diminution de leurs risques», tout en respectant «leurs choix, leurs priorités et leur intimité», explique l’autorité de santé.

En raison du fait de «son impact hormonal, sur la vie génitale, la santé sexuelle, l’intimité, la procréation, la périnatalité et son effet cancérigène», la consommation d’alcool est «un sujet de santé globale» pour les femmes, dès leur plus jeune âge et à toutes les étapes de leur vie, souligne la HAS. Or «l’anxiété, la dépression, les traumatismes notamment sexuels y compris infantiles», qui favorisent la consommation d’alcool sont plus fréquents chez les femmes. Les femmes sont par ailleurs victimes de violences intrafamiliales et d’agressions, notamment sexuelles, du fait des usages de leur entourage.

«Une sous-évaluation médicale»

Celles-ci sont également soumises à des «injonctions normatives, esthétiques, conjugales, familiales, sources de stress, de stigma et de honte», qui les poussent à dissimuler cette consommation. Sur le plan social, elles sont jugées «encore plus négativement» que les hommes en difficulté avec leur consommation d’alcool, interpelle la HAS. De ce fait, les femmes souffrent d’«une sous-évaluation médicale» et d’«un moindre accès aux aides disponibles».

Pour autant, il existe de nombreux dispositifs adaptés tels que des consultations dédiées dans des centres de soins d’accompagnement et de prévention des addictions (CSAPA), la plateforme d’aide Alcool info service ou encore des groupes de parole d’associations d’entraide.

L’Autorité alerte aussi sur la consommation d’alcool des hommes lors de la conception d’un enfant : «les troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale peuvent aussi résulter de leurs usages – via la toxicité de l’alcool transmise par les spermatozoïdes — et non pas uniquement de ceux des femmes durant la grossesse». «Face à ces risques, le principe de précaution consiste en l’arrêt de toute consommation d’alcool dès le désir d’enfant ou l’arrêt d’une contraception, pour la femme jusqu’à la fin de l’allaitement, pour l’homme jusqu’au diagnostic de grossesse», conclut la HAS.