On adore parfois les grands mots dans les débats sur la fin de vie. «C’est une loi de fraternité», a expliqué, le 11 mars dans Libération, Emmanuel Macron en présentant son projet de loi. «L’aide à mourir est le contraire d’un projet de fraternité», a rétorqué, vendredi 15 mars, Jean Leonetti, auteur de la loi précédente. «Accompagner quelqu’un à mourir peut être un acte de soin», a expliqué l’ancienne présidente du Centre national des soins palliatifs et de la fin de la vie Véronique Fournier. «Donner la mort est tout sauf un soin», a répété la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap).
Qui entendre ? Serait-ce faire preuve de retenue que de revenir un instant à quelques histoires particulières, tout en rappelant que ces morts médicalisées ne concernent que très peu de personnes, moins d’un millier par an ? Appelons le «monsieur le colonel». Il a 88 ans, est aujourd’hui lourdement atteint de troubles cognitifs, type Alzheimer. Depuis sa grande vieillesse, il ne ressemble en rien à ce qu’il a été. Hier, c’était un homme qui voulait tout contrôler. Aujourd’hui, il est comme absent de lui. Il parle peu, mais sourit. Il renvoie paradoxalement l’image d’un homme heureux, gai, plaisantant avec les aut