A rebours des prises de position de la Société Française des soins palliatifs, à ses yeux «non basées sur des données scientifiques», le Pr Jean Reignier, chef du service de réanimation au CHU de Nantes et président du Collège national professionnel de médecine intensive et réanimation, estime que la légalisation de l’aide active à mourir (euthanasie et suicide assisté) est le seul moyen de contraindre le corps médical à dialoguer avec les patients en fin de vie et de respecter leur choix.
Selon une enquête réalisée en mars auprès de 290 services de réanimation français, 77 % des répondants, médecins, infirmières, aides-soignantes, sont favorables à la légalisation de l’aide active à mourir, soit sensiblement plus que d’autres spécialités de santé. Comment l’expliquez-vous ?
Cela vient en partie du fait que les soignants de réanimation prennent en charge des patients très graves pour lesquels beaucoup nécessitent des traitements invasifs avec des probabilités de récupération faibles. Même si nous sauvons 80 % de nos patients, les décisions de fin de vie, la mort, font partie intégrante de notre quotidien. Or les médecins reconnaissent plus facilement le besoin de faire évoluer la loi quand ils sont confrontés à des cas concrets. Surtout, les réanimateurs sont tantôt scandalisés, t