Un gaz hilarant aux risques qui le sont beaucoup moins. Les jeunes majeurs sont les principaux consommateurs de protoxyde d’azote ou «gaz hilarant». 13,7 % des 18-24 ans en ont consommé au moins une fois dans leur vie, contre 2 % a parmi les 35-44 ans et 0,8 % chez les 65-75 ans, selon une étude publiée ce jeudi 26 octobre par Santé publique France. Différence entre les groupes d’âges qui est encore plus nette en s’intéressant à la consommation sur l’année 2022. Tous les enquêtés qui avaient inhalé du «proto» dans l’année avaient moins de 35 ans.
Si la population française a rapidement expérimenté le CBD, la consommation de protoxyde d’azote est bien plus marginale et ne concerne que les plus jeunes. En 2022, la plupart des Français (75 %) de 18 à 75 ans avaient entendu parler du protoxyde d’azote mais seulement 4,3 % d’entre eux ont dit en avoir consommé au moins une fois dans leur vie. Sur l’année 2022 moins de 1 % des Français ont inhalé ce gaz au moins une fois dans l’année, selon ces données issues d’une enquête sur la consommation de tabac, lors de laquelle les questions sur le CBD et le protoxyde ont été posées.
De la cuisine à au centre de soin
Utilisé dans l’industrie ou la médecine comme anesthésiant, le protoxyde d’azote est un gaz courant. Il se retrouve notamment dans les cuisines, plus précisément dans les cartouches de siphon alimentaire permettant, par exemple, de faire une chantilly. Mais depuis 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) et le réseau d’addictovigilance ont à plusieurs reprises alerté sur les risques d’une consommation détournée de ce gaz.
Inhalé le plus souvent via des ballons de baudruche gonflés par des capsules ou des bonbonnes, le «proto» est euphorisant, provoque l’hilarité et distord les perceptions, de façon très temporaire. Très rapidement cet usage détourné a fait grand bruit car ses adeptes risquent l’asphyxie, la perte de connaissance, des brûlures, voire des complications neurologiques, cardiovasculaires ou encore des symptômes psychiatriques.
Le consommateur moyen a 25 ans.
Le consommateur moyen de protoxyde d’azote est âgé de 25 ans a précisé Santé Publique France à partir des données récoltées auprès de 3 229 adultes francophones et métropolitains. Parmi les 18-35 ans, 2,8 % ont consommé du protoxyde d’azote en 2022. Et, parmi les 18-24 ans, cette proportion a atteint 3,2 %. C’est également à cet âge qu’intervient le plus souvent la première consommation. Près de deux expérimentateurs sur dix étaient mineurs pour leur première consommation. Les hommes sont également plus nombreux que les femmes à avoir expérimenté le protoxyde d’azote mais tout aussi nombreux à l’avoir consommé dans l’année.
«L’augmentation des cas d’intoxication laisse suggérer qu’une part substantielle des consommateurs de protoxyde d’azote est concernée par des pratiques à risques, dans un contexte d’accessibilité au produit facilitée par internet, dans des conditionnements dont les volumes ont augmenté ces dernières années», s’alarme Santé Publique France.
Une loi adoptée en mai 2021 a interdit la vente de ce psychotrope aux mineurs ainsi que dans les débits de boissons et tabac. Mais le «proto» s’achète en grande quantité et à bas coût via des sites de revente et des comptes Snapchat proposant des livraisons à domicile. Face à cela certaines villes, comme Belfort en Bourgogne-Franche-Comté, ont décidé d’interdire pour un an, la consommation de «proto» sur la voie et dans les lieux publics.