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Convocation

Gestion du Covid : face à la Cour de justice de la République, Buzyn veut «rétablir la vérité des faits»

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
L’ex-ministre de la Santé est arrivée ce vendredi matin à la Cour de justice de la République (CJR) qui enquête sur la gestion gouvernementale de l’épidémie. Elle veut se défendre pour ne pas laisser «salir l’action du gouvernement».
Agnes Buzyn répondait aux questions des journalistes à son arrivée à la Cour de justice de la République, ce vendredi matin. (Lucas Barioulet/AFP)
publié le 10 septembre 2021 à 10h32

Sous quel statut l’ancienne ministre de la Santé va-t-elle ressortir de son audition à la Cour de justice de la République (CJR) ? Arrivée ce vendredi matin, Agnès Buzyn s’est montrée confiante, affirmant que cette enquête «est une excellente opportunité pour moi de m’expliquer et de rétablir la vérité des faits. Je ne laisserai pas salir l’action du gouvernement, mon action en tant que ministre, alors que nous avons tant fait pour préparer notre pays à une crise sanitaire mondiale qui, je le rappelle, dure encore.» Elle est accompagnée de son avocat Me Eric Dezeuze.

Cette convocation à la CJR, seule juridiction habilitée à juger des ministres dans l’exercice de leur fonction, a lieu dans le cadre de l’enquête menée depuis juillet 2020 sur la manière dont le gouvernement a géré l’épidémie de Covid.

Une possible mise en examen

Après son audition, Agnès Buzyn peut être mise en examen ou ressortir sous le statut plus favorable de témoin assisté, si elle parvient à convaincre les juges qu’il n’existe pas suffisamment d’indices graves ou concordants pouvant être retenus contre elle.

Ministre de la Santé jusqu’à mi-février, avant sa démission pour être candidate LREM aux municipales à Paris, c’est elle qui était aux manettes aux prémices de l’épidémie. Elle aussi qui, au lendemain du premier tour des municipales, a exposé le gouvernement en assurant qu’elle avait vu venir le drame. Selon ses déclarations publiées par le Monde, elle prend conscience de «ce qui se passe en Chine» dès le 20 décembre et quitte le ministère en larmes le 17 février car elle sait que «la vague du tsunami est devant».

«Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu», assure-t-elle. Que s’est-il passé entre ces deux dates ? Si elle a vraiment pris la mesure de la crise à venir, Agnès Buzyn a-t-elle été une lanceuse d’alerte ignorée par son gouvernement ou n’a-t-elle pas été à la hauteur de la «pire crise sanitaire depuis un siècle» ?

Ministres visés

Parmi les milliers de plaintes déposées devant la CJR, neuf auront finalement été retenues par la commission des requêtes. La plupart tournent autour de la criante pénurie initiale de masques. La CJR, dans sa décision d’ouvrir les hostilités pénales en juillet 2020, insiste particulièrement sur ce point, pointant «l’absence de constitution de réserves de matériel de protection, le défaut de commandes immédiates et en nombre suffisant, les éventuels retards dans la prise de décision en matière sanitaire».

Cette audition n’est que la première de la série. Une perquisition simultanée opérée en octobre dernier donne un aperçu de la liste des personnes visées : l’actuel ministre de la Santé Olivier Véran, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et l’ancienne porte-parole de l’Elysée Sibeth Ndiaye. Selon les informations de Libération, ils devraient à leur tour être convoqués par la commission d’instruction de la CJR d’ici la fin de l’année.