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Promotion

Gouvernement Borne: Brigitte Bourguignon prend la Santé

L’ex-ministre de l’Autonomie remplace son ministre de tutelle et devrait jouer un rôle clé sur les questions des retraites et du «grand âge». Ex du PS, elle avait rejoint En marche pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle 2017 tout en continuant à revendiquer sa sensibilité politique.
La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon. (Vernier Jean-Bernard/JBV News/ABACA/JBV News/ABACA)
publié le 20 mai 2022 à 16h36

Jeu de chaise musicale avenue de Ségur. C’est à sa ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, qu’Olivier Véran cède son fauteuil au ministère de la Santé et de la Prévention. Une promotion de nature à conforter l’aile gauche de la macronie. Comme son prédécesseur, Bourguignon est une transfuge du Parti socialiste. Elue en 2012 députée du Pas-de-Calais sous l’étiquette PS, elle avait rallié Macron entre les deux tours de la présidentielle de 2017, pour conserver son siège menacé par la montée en puissance du Rassemblement national. Membre de la majorité présidentielle, la «militante du social» avait toutefois continué de revendiquer sa sensibilité politique : elle a été la première à regretter publiquement que le gouvernement d’Edouard Philippe oublie «la jambe sociale» du projet du candidat d’En marche…

Aplanir les résistances

Depuis son entrée dans le gouvernement Castex en juillet 2020, l’ex-députée s’est pourtant faite discrète. Question de circonstances, la gestion de l’épidémie de Covid focalisant l’attention générale. Faute surtout d’avoir obtenu le feu vert de l’Elysée pour mener à bien le chantier qui lui tient à cœur. Car Bourguignon, qui espérait porter la «grande réforme sociale du quinquennat», cette loi sur la «dépendance» promise par Emmanuel Macron en juillet 2018, a dû baisser pavillon. «Le grand âge est le sujet de l’après-crise», admettait en février l’ex-présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Le second quinquennat rebat les cartes. Lors de son allocution du 9 novembre, Emmanuel Macron n’avait pas caché sa volonté de coupler réforme des retraites et enjeux du vieillissement de la population. Désormais inscrite à l’agenda, la réforme des retraites, d’inspiration budgétaire, risque de liguer toutes les oppositions contre elle. L’assortir d’un volet grand âge, plus social et sociétal, serait un moyen d’aplanir les résistances pour la faire aboutir. A 63 ans, la nouvelle ministre de la Santé, qui connaît le dossier sur le bout des doigts, serait alors appelée à jouer un rôle de premier plan. Ancienne secrétaire médicale qui «n’a pas appris le social dans les bouquins» comme elle le rappelle volontiers, Brigitte Bourguignon donnerait au passage une caution de gauche du dispositif.

Dossiers brûlants

Si elle sert l’objectif prioritaire de l’exécutif, la promotion de Brigitte Bourguignon pourrait toutefois créer de sévères effets de bords. Spécialiste des questions relatives à la dépendance des personnes âgées, la nouvelle ministre de la Santé est en revanche moins capée sur les dossiers brûlants et bourrés de chausse-trappe qui s’accumulent sur son nouveau bureau. C’est vrai de la refonte nécessaire de l’organisation du système de santé dans un contexte de difficulté croissante de la population à accéder à l’offre de soins de premier recours (médecins généralistes et urgences hospitalières). Cela l’est aussi de la réforme de l’hôpital public, aujourd’hui en pleine crise existentielle. Le sens du dialogue de Brigitte Bourguignon, sa combativité et ses «grandes qualités humaines», dixit son ancien ministre de tutelle Olivier Véran, ne seront pas de trop pour déminer ces enjeux-là. L’occasion pour l’élue de terrain, acquise de longue date aux vertus de la concertation, de mettre en pratique la «nouvelle méthode» vantée par le chef de l’Etat.