L’effet est notable. Depuis l’entrée en vigueur de la gratuité des préservatifs pour les jeunes de moins de 26 ans, les demandes s’envolent. Dressant un premier bilan ce mercredi matin sur Twitter, le ministre de la Santé François Braun a précisé que 2 millions de capotes ont été délivrées gratuitement à des jeunes de moins de 26 ans «contre 500 000 à la même période l’année dernière». Cette mesure, annoncée par Emmanuel Macron début décembre à l’occasion du Conseil national de la refondation (CNR), permet une prise en charge à 100 % des préservatifs des marques «Eden» et «Sortez couverts !» pour cette tranche d’âge, sur simple présentation de sa carte vitale en pharmacie, d’une attestation de droits ou à défaut de sa pièce d’identité. Dans un premier temps exclus du dispositif, les mineurs peuvent finalement y avoir recours. Il était auparavant nécessaire de se munir d’une ordonnance, freinant de fait les demandes.
En janvier, 2 millions de préservatifs ont été remboursés par l’Assurance maladie aux moins de 26 ans, contre 500 000 à la même période l’année dernière. C’est l’effet direct de l’annonce d’@EmmanuelMacron et c’est un pas de plus vers notre révolution de la prévention @Sante_Gouv pic.twitter.com/74J7BMcRDJ
— François Braun (@FrcsBraun) February 8, 2023
Selon les informations d’Europe 1, environ 90 000 jeunes ont bénéficié de ce dispositif en seulement un mois, soit trois fois plus que l’année dernière. 16 000 pharmacies ont, elles, participé à cet effort de prévention, contre 12 000 à la même période l’an dernier. Un enjeu de santé publique fort alors que le nombre de nouveaux diagnostics d’infection au VIH n’a pas baissé en France, stagnant autour de 5 000 en 2021. Selon Santé publique France, 15 % des personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021 étaient âgées de moins de 25 ans, et la part de cette classe d’âge ne baisse pas depuis 2017. La recrudescence des IST (infections sexuellement transmissibles), notamment à chlamydia et à gonocoque, s’est également poursuivie.
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Si le gouvernement appuie dans sa communication sur le seul enjeu sanitaire, cette gratuité des préservatifs marque également un pas en avant en matière de contraception masculine. Dans un appel publié au mois d’août, signé par plus de 30 000 personnes, une vingtaine de personnalités masculines réclamaient notamment dans Libération «l’accès à la gratuité des préservatifs pour les hommes de moins de 25 ans» en miroir de la mesure visant à rendre gratuit l’accès à la contraception pour les femmes de moins de 25 ans. C’est désormais chose faite. Il aurait en revanche été permis d’espérer que ce dispositif serve de tremplin au développement d’une politique volontariste en faveur de la contraception masculine, d’un partage de cette charge contraceptive. Les Français en sont encore loin. Selon l’enquête de l’Ined de 2017, seules «15 % des femmes en couple utilisent une méthode masculine, soit le préservatif, la vasectomie ou le retrait, contre 53 % en Espagne», déroulait Mireille Le Guen cet été. Les autres méthodes restent, elles, encore confidentielles.