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Grippe aviaire aux Etats-Unis : une première mort humaine liée au virus H5N1 recensé

Un homme de 65 ans est mort début janvier après avoir contracté la souche H5N1 de la grippe aviaire en Louisiane. Les autorités sanitaires notent toutefois que la victime souffrait déjà d’autres maladies. Elles se veulent rassurantes et affirment que les risques pour le grand public sont «faibles».
Le virus H5N1 (en jaune) étudié au microscope, le 26 mars 2024. (AP)
publié le 7 janvier 2025 à 9h42

C’est un cas inédit aux Etats-Unis. Un premier mort humain lié à la grippe aviaire a été recensé outre-Atlantique, ont annoncé lundi 6 janvier les autorités sanitaires de l’Etat de Louisiane. Ils précisent qu’il s’agissait d’un patient âgé qui souffrait d’autres pathologies. Ce malade, âgé de plus de 65 ans, était le premier cas grave humain détecté dans ce pays. Il avait été contaminé par le virus H5N1 via des oiseaux de basse-cour et sauvages.

Souffrant d’une affection respiratoire, les autorités sanitaires expliquaient en décembre dernier qu’il était en «état critique» au moment de la médiatisation de son hospitalisation. L’enquête réalisée «n’a pas permis d’identifier d’autres cas de H5N1 ni de preuve de transmission de personne à personne. Ce patient reste le seul cas humain de H5N1 en Louisiane», a précisé le ministère de la Santé local sur son site.

C’est pourquoi il estime que le risque présenté par la grippe aviaire pour le grand public reste «faible». Quant aux «personnes qui travaillent avec des oiseaux, des volailles ou des vaches, ou qui sont exposées à ces animaux dans le cadre de leurs loisirs», le risque est cependant «plus élevé».

«Un décès dû au virus H5N1 aux Etats-Unis n’est pas inattendu»

Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis font face à une épizootie – l’équivalent d’une épidémie chez les animaux – de grippe aviaire. Le virus circule dans des élevages de volailles et dans les troupeaux de bovins. 66 cas de grippe aviaire chez l’homme ont été détectés depuis début 2024, l’extrême majorité étant bénins et liés à des contacts connus avec des animaux infectés.

«Bien que tragique, un décès dû au virus H5N1 aux Etats-Unis n’est pas inattendu», ont assuré les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) à propos du mort signalé en Louisiane. «En dehors des Etats-Unis, plus de 950 cas de grippe aviaire H5N1 ont été signalés à l’Organisation mondiale de la santé, et environ la moitié d’entre eux ont entraîné la mort», rapportent-ils dans un communiqué.

Ces cas ont été recensés entre 2003 et fin 2024 dans 24 pays, dont un grand nombre en Chine et au Vietnam, précise un document de l’OMS. «La très très grande majorité des cas de contamination et de décès sont liés à une exposition» connue à un animal malade, relève Jennifer Nuzzo, professeure d’épidémiologie à l’université Brown. En l’état des choses, cette spécialiste en surveillance des épidémies craint surtout que plus de personnes travaillant dans des élevages ou en contact avec des animaux sauvages «ne tombent malades et ne meurent».

Le danger de la mutation du virus

Par ailleurs, souligne la chercheuse, si le malade de Louisiane présentait d’autres pathologies, le cas d’un adolescent canadien hospitalisé en 2024 pour la grippe aviaire montre que des personnes plus jeunes et en meilleure santé peuvent également être lourdement affectées. La grippe aviaire A (H5N1) est apparue pour la première fois en 1996, mais, depuis 2020, le nombre des foyers chez les oiseaux a explosé et un nombre croissant d’espèces de mammifères ont été touchées. Les experts craignent que cette forte circulation du virus ne facilite une mutation lui permettant de se transmettre d’un humain à un autre. Certains redoutent également qu’il ne se mélange à la grippe saisonnière et devienne ainsi davantage transmissible.

Le séquençage génétique du virus retrouvé sur le patient de Louisiane a montré qu’il était différent de la version détectée chez plusieurs troupeaux de vaches laitières et dans des élevages de volailles. Et une petite partie du virus présentait des modifications génétiques laissant penser qu’il aurait muté à l’intérieur de l’organisme pour s’adapter aux voies respiratoires humaines. Cette mutation n’est toutefois pas la seule nécessaire pour rendre un virus plus contagieux ou transmissible entre humains, rassurent des chercheurs interrogés.