Un manque de transparence enfin comblé. Pour la première fois, la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) a produit des données officielles sur le nombre d’enfants en situation de handicap mal accompagnés en milieu scolaire. Ces chiffres, révélés en exclusivité ce mardi 28 octobre par France Inter, sont alarmants : à la rentrée 2025, près de 50 000 élèves n’avaient pas d’accompagnant.
Reportage
La demande initiale provient des députés d’une commission d’enquête, qui travaillent depuis le mois de septembre sur les défaillances de prises en charge du handicap et de la santé mentale dans les politiques publiques et les coûts que cela implique. Lors de l’audition de la directrice générale de la Dgesco, Caroline Pascal, cette dernière n’était pas capable de donner le nombre d’enfants qui ne bénéficiaient pas d’accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH, en majorité des femmes). «Vous parlez de 9 % d’élèves en attente d’un AESH à la rentrée : cela représenterait 32 000 enfants. Est-ce bien cela ?, lui demande alors le rapporteur, Sébastien Saint-Pasteur (PS). Nous constatons un manque de transparence sur les chiffres, et même de connaissances.»
«C’est totalement inacceptable»
En réalité, ce sont précisément 48 726 élèves qui étaient sans solution cette année, sur 352 000 élèves ayant besoin d’une AESH. C’est environ 35 % de plus qu’en 2024 – ils étaient alors 36 186. «Quand on creuse, on constate de grosses carences», commente le député de Gironde auprès de la radio publique. «On a de grands discours sur l’inclusion scolaire […] et la réalité qui est très différente, où on n’a pas de solution, et ça c’est totalement inacceptable», se désole-t-il. D’autant plus que le nombre d’enfants handicapés déscolarisés en raison d’un manque d’accompagnement reste inconnu.
Pour aller plus loin
Les conséquences d’une telle défaillance peuvent peser lourd sur les familles, dont certains membres sont parfois obligés d’arrêter de travailler pour s’occuper de l’enfant – «principalement les mères», note Sébastien Saint-Pasteur. La commission d’enquête s’emploie ainsi à calculer les coûts de ces manquements : «Par exemple, l’arrêt de travail des mères coûte plus cher à la société que si on avait une prise en charge réelle et effective des enfants qui ont le droit d’aller à l’école comme les autres.»
Pire, ces défaillances varient grandement d’un département à l’autre. D’après France Inter, dans l’Oise, plus de 1 000 élèves en situation de handicap sont en attente d’une AESH, contre plus de 7 000 dans les Pyrénées-Atlantiques – alors que ces territoires ont des populations équivalentes. Le gouvernement devra s’en justifier cette semaine devant la commission d’enquête : la ministre déléguée chargée de l’Autonomie et des personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, doit être auditionnée à 16 h 30 ce mardi et le ministre de l’Education nationale, Edouard Geffray, jeudi après-midi.