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Libération
Lutte contre les déserts médicaux

«Historique», «révolutionnaire»… les infirmiers saluent le vote d’une loi qui élargit leurs missions

Une proposition de loi pour revoir les prérogatives de la profession a été adoptée à l’unanimité jeudi 19 juin au Sénat. Ces 640 000 professionnels de santé pourront notamment prescrire certains médicaments et examens médicaux.
Cette loi a suscité les critiques des syndicats de médecins craignant d’être dépossédés de certaines prérogatives. (Albert Facelly/Libération)
publié le 20 juin 2025 à 15h31

La réforme du métier d’infirmier sur le point d’aboutir ? Jeudi 19 juin, la loi très attendue par le monde médical a été votée au Sénat. Elle prévoit un élargissement des prérogatives de ces professionnels de santé et les concernés espèrent des rémunérations à la hauteur de ces nouvelles missions. Création d’une «consultation infirmière» et d’un «diagnostic infirmier», droit de prescription pour certains examens ou médicaments… La proposition de loi, passée relativement inaperçue par le grand public, est qualifiée d’«historique» voire de «révolutionnaire» par les infirmiers.

Le texte, porté par les députés Nicole Dubré-Chirat (Renaissance) et Frédéric Valletoux (Horizons), ancien ministre de la Santé, va pouvoir être promulgué maintenant qu’il a été adopté lors d’un ultime vote, unanime, par le Sénat. Les parlementaires des deux Chambres, députés et sénateurs, avaient au préalable trouvé un accord sur la rédaction de cette loi soutenue par le gouvernement.

Un pouvoir de prescription pour les infirmiers

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a salué devant les sénateurs «une petite révolution» dans «notre matière d’envisager le métier» des quelque 640 000 infirmiers et infirmières du pays, dont les actes au quotidien ont considérablement évolué ces dernières années, se diversifiant notamment face à la désertification médicale et au vieillissement de la population. «Ce texte est historique. Il va transformer la manière dont nous considérons la profession infirmière», a insisté ces derniers jours Nicole Dubré-Chirat, lors du vote unanime de ce texte de compromis à l’Assemblée nationale. «Il compte parce qu’il soulage les médecins dans un contexte de fortes tensions et il compte surtout parce qu’il offre des perspectives de carrière attractives» aux infirmiers, a prolongé le sénateur macroniste Xavier Iacovelli.

La proposition de loi redéfinit ainsi les missions des infirmiers, encadrées depuis 2004 par un décret jugé obsolète. Le fait de confier aux infirmiers un pouvoir de prescription de certains médicaments ou examens listés par arrêté a suscité les critiques des syndicats de médecins craignant d’être dépossédés de certaines prérogatives. «Il n’a jamais été question d’opposer les professions entre elles, mais bien de faire progresser tout le monde dans leur champ propre de compétences», a tenté de rassurer Yannick Neuder.

La loi établit par ailleurs que ces nouvelles missions doivent être accompagnées de négociations sur la rémunération des infirmiers et infirmières libérales. Le gouvernement a envoyé à l’assurance maladie une lettre de cadrage en ce sens, ouvrant la voie à une négociation attendue de longue date. Malgré l’unanimité politique sur ce texte attendu par le secteur, cet enjeu financier interpelle notamment à gauche, où l’on craint une réforme mise en place sans accompagnement, qui pourrait aboutir à faire «travailler plus sans gagner plus».