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Environnement

Huit Franciliens sur dix exposés à une pollution sonore et atmosphérique excédant «fortement» les recommandations de l’OMS

Près de 9,7 millions d’habitants sont concernés par ces pollutions en Île-de-France. C’est le résultat d’une étude publiée ce mardi 28 mai qui croise, pour la première fois, les données d’Airparif et de Bruitparif.
Sur le périphérique parisien, le 15 février 2023. (Caroline Paux/Hans Lucas. AFP)
publié le 28 mai 2024 à 11h23

Double peine pour une grande majorité de Franciliens. 80 % des habitants de l’Île-de-France sont à la fois soumis à des niveaux de bruit et de pollution atmosphérique qui «excède fortement» les recommandations émises par l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS), selon une cartographie inédite de Bruitparif et Airparif - organismes régionaux chargés de la surveillance de la qualité de l’air et du bruit - dévoilée ce mardi 28 mai dans Le Monde.

«Cette cartographie permet d’identifier les zones préservées des deux pollutions et qu’il convient de protéger, et celles fortement exposées où des mesures d’atténuation devraient être mises en œuvre», indiquent les deux organismes de surveillance. Selon le rapport, plus de la moitié de la population de 487 communes (38 % des communes d’Île-de-France) est exposée simultanément à une qualité de l’air «dégradée» et à des niveaux de bruit «importants».

Le trafic routier en cause

«Une grande partie de ces collectivités sont situées dans le cœur dense de l’agglomération parisienne - notamment Paris, les collectivités de petite couronne et particulièrement celles situées à proximité des aéroports. La coexposition air-bruit y est particulièrement forte à proximité (100 à 200 mètres) des grands axes routiers», détaillent Bruitparif et Airparif dans leur étude. Les habitants de la métropole du Grand Paris sont ainsi particulièrement touchés. Ils représentent 86 % des personnes en situation d’exposition dite «très dégradée».

Concrètement, plus un Francilien habite à proximité d’un axe majeur de transport, plus le risque d’être exposé à cette double pollution (bruit et particules fines) augmente, les moteurs thermiques dominant encore largement le parc automobile. «La pollution sonore est très forte à proximité du boulevard périphérique et des grands axes routiers», pointe par exemple le rapport. Des nuisances qui se retrouvent également à proximité des aéroports Charles-de-Gaulle et Orly, dues au trafic aérien et aux activités sur la zone aéroportuaire.

Dans les zones les plus critiques, 850 000 personnes (soit 7 % de l’ensemble de la population francilienne) sont soumises à des niveaux de pollution qui dépassent les valeurs limites réglementaires. «Celles-ci sont pourtant bien moins protectrices que les lignes directrices de l’OMS. À titre d’exemple, le seuil réglementaire pour le dioxyde d’azote (émis principalement par le trafic routier et en particulier les véhicules diesel) est aujourd’hui quatre fois plus élevé que la valeur recommandée par l’OMS (10 microgrammes par mètre cube)», détaillent nos confrères du Monde.

Il en est de même pour le bruit : l’OMS recommande de ne pas dépasser les 53 décibels (dB) en moyenne sur vingt-quatre heures (45 dB la nuit) pour le bruit routier. La valeur limite européenne étant fixée à 68 dB (62 dB la nuit).

Quelques communes épargnées

La quasi-totalité de la population est «relativement épargnée et par la pollution de l’air et par les nuisances sonores» dans 316 collectivités franciliennes, selon l’étude. Elles sont majoritairement situées dans des départements de la grande couronne, qui ne sont pas survolés par des avions à moins de 2000 mètres d’altitude. Les concentrations de polluants de l’air et des niveaux de bruits y sont proches des seuils recommandés par l’OMS.

Dans leur communiqué, Bruitparif et Airparif rappellent que la pollution sonore «est responsable d’un coût social de 43 milliards d’euros au sein de la région Île-de-France», car elle entraîne de la gêne, des perturbations du sommeil, accroît le risque de développer des maladies cardiovasculaires ou du diabète. La pollution de l’air, elle, favorise le développement du diabète, de maladies cardiovasculaires et respiratoires. Elle entraîne une perte d’espérance de vie et une augmentation de la mortalité. «Elle est responsable de 7 900 décès prématurés par an en Île-de-France», selon le communiqué.

Bruitparif et Airparif appellent ainsi les collectivités à faire usage de ces nouvelles cartographies pour faciliter l’évaluation de l’efficacité des politiques publiques dans la durée, «en rendant visibles celles qui sont efficaces tant sur le plan de la pollution de l’air que de la pollution sonore (pistes cyclables, report de la voiture vers des transports en commun, électrification des véhicules…)».