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Interview

Intérimaires «mercenaires» à l’hôpital: «C’est le résultat de quinze ans de politiques néolibérales»

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Martin Hirsch a fustigé lundi 30 mai ces soignants qui, à un poste stable, préfèrent être intérimaires et toucher plus d’argent en comblant les absences dans les hôpitaux. Mais pour le sociologue spécialiste des questions de santé Frédéric Pierru, il est logique qu’à force de maltraiter les soignants, ils deviennent moins loyaux.
Manifestation de soignants à Strasbourg, le 14 janvier. (Jean-Francois Badias/AP)
publié le 2 juin 2022 à 20h28

L’hôpital public français se porte mal. C’est peu de le dire. Il craque de toutes parts. Partout, les infirmiers, médecins, directeurs d’hôpital se disent à bout de souffle, éreintés par des conditions de travail de plus en plus délicates. Nombre de soignants désertent les couloirs de l’hôpital. Pour combler le manque de personnel, la solution est toute trouvée par les chefs d’établissement : embaucher des intérimaires çà et là, au gré des besoins, et les payer plus cher. «1 500 euros par exemple pour une garde de week-end, contre 300 maximum pour un médecin expérimenté», dénonçait lundi Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) au micro de France Inter, avant de qualifier ces intérimaires de «mercenaires». Un phénomène hérité de «dizaines d’années de réformes néolibérales», qui «détériore la qualité des soins», déplore le sociologue Frédéric Pierru, chercheur au CNRS, à l’EHESP à Rennes, spécialiste des questions de santé.

Constatez-vous, comme le déclarait lundi le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, que de plus en plus d’intérim