Le mystère sur l’origine de l’épidémie d’infections à des bactéries E. coli à Saint-Quentin (Aisne) se lève en partie. «Dans les premiers résultats des analyses obtenus, des traces de contamination par la bactérie E. coli ont été détectées dans les viandes ou sur les surfaces de certaines des boucheries qui ont fait l’objet d’investigation», annonce la préfecture de l’Aisne ce vendredi 27 juin au soir, dans un communiqué.
Si les résultats sont «négatifs» pour le rayon boucherie de l’Intermarché de Gauchy, et que l’activité va pouvoir y reprendre, elle restera «suspendue» pour les quatre boucheries suspectées et le rayon boucherie du supermarché discount TMS. La préfecture ne précise pas à ce stade dans lesquels de ces cinq lieux les traces d’E. coli ont été découvertes, et se contente d’affirmer que «les autorités continuent de mener des analyses».
Reportage
Depuis le 12 juin, 26 cas sévères – dont 25 enfants et une personne âgée – ont été recensés, dont un nouveau ce vendredi. Neuf ont développé un syndrome hylétique et urémique (SHU), grave complication qui survient dans 10 % des cas, affecte les reins et nécessite une dialyse. Une jeune fille de 12 ans en est morte le 16 juin. Dix personnes sont encore hospitalisées. Devant le nombre de cas rassemblés dans une agglomération et un laps de temps si restreint, la piste de l’épidémie faisait peu de doutes. Restait à établir, notamment, par quoi ces personnes ont été contaminées.
La piste de la viande, l’une des principales causes de contamination aux E. coli entérohémorragiques – les souches dangereuses de cette famille bactérienne – a rapidement été avancée par les autorités. Ce pourquoi, d’après les premières preuves solides collectées, elles ont décidé la semaine dernière de fermer préventivement six boucheries de Saint-Quentin et d’y faire des analyses.
Des dizaines d’enquêteurs sur le terrain, dans le Centre national de référence de l’Institut Pasteur et le Laboratoire national de référence, sont mobilisés depuis le début de l’enquête sanitaire. Objectif : retracer toute la chaîne de cette contamination. Une étape majeure a donc été franchie, mais les investigations se poursuivent. En parallèle de cette enquête sanitaire, une autre, judiciaire, a été ouverte le 19 juin par le parquet de Saint-Quentin pour homicide involontaire, blessures involontaires, mise en danger de la vie d’autrui et tromperie sur la marchandise présentant un danger pour la vie humaine. Elle a été confiée au pôle de santé publique du parquet de Paris.
«Nettoyer les réfrigérateurs»
Même si les pistes sur l’origine de cette contamination ont été confirmées, la prudence reste tout de même de mise. L’agence régionale de santé appelle «les personnes ayant acheté de la viande dans l’une des boucheries [fermées] à nettoyer leur réfrigérateur dès lors que celle-ci y a été stockée». Et de conserver des gestes de prévention : lavage des mains avant la préparation des repas, après passage aux toilettes, cuire la viande à cœur…
Surtout, si de nouveaux cas sont remontés dans les jours à venir, cela ne signifie pas automatiquement que l’origine des intoxications se situe en dehors des boucheries fermées : il peut s’écouler une dizaine de jours entre l’ingestion d’aliments contaminés, l’apparition des premiers symptômes puis d’éventuelles complications.
Mise à jour : à 21 h 17, avec l’ajout d’un nouveau cas d’intoxication.