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Interview

Irène Frachon : «Le Mediator est un crime industriel»

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Mediator, le procèsdossier
La lanceuse d’alerte Irène Frachon assistera lundi au jugement du tribunal correctionnel de Paris dans le scandale sanitaire du Mediator. Pour elle, «il est temps de mettre fin à la maltraitance des victimes par les laboratoires Servier».
La pneumologue Irène Frachon à l'hôpital de Carhaix-Plouguer (CHRU de Brest) en septembre 2019. (Vincent Gouriou/Libération)
publié le 29 mars 2021 à 5h04

Un des plus grands scandales sanitaires français prendra-t-il fin lundi ? En 2009, le médicament Mediator était retiré de la vente en France. Cinq millions de personnes ont consommé cet antidiabétique, souvent prescrit comme coupe-faim, sans avoir été informées des risques cardiaques encourus. En 2015, la justice a reconnu la responsabilité civile des laboratoires Servier. Lundi, le groupe pharmaceutique sera jugé au pénal pour «tromperie aggravée» et «blessures et homicides involontaires». L’issue d’un procès hors-norme : sept mois d’audience, quelque 6 500 parties civiles, 376 avocats et une centaine de témoins. L’issue de treize longues années de lutte pour la lanceuse d’alerte, la Dre Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest (Finistère). Depuis 2008, elle se bat pour faire reconnaître les dangers du Mediator, qui aurait provoqué la mort de plus de 1 000 personnes en France.

A l’approche du jugement, comment vous sentez-vous ?

Impatiente. On attend cela depuis dix ans. Je serai au tribunal de grande instance de Paris, aux côtés des victimes, des parties civiles et des avocats que j’ai suivis pendant toute cette affaire. On a besoin d’une décision pénale favorable, d’une condamnation qui reconnaisse un certain nombre de délits, ne serait-ce que pour sécuriser les victimes. La maltraitance des victimes par les laboratoires Servier se poursuit au quotidien, il est temps d’y mettre fin.

Quel type de maltraitance ?

Il doit rester environ 1 000 victime