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Droit des femmes

IVG instrumentale : les sages-femmes bientôt autorisées à la pratiquer à l’hôpital

Auparavant réservée aux médecins, cette méthode d’avortement pourra être pratiquée par les sages-femmes jusqu’à 14 semaines de grossesse.

(Grace Cary/Getty Images)
Publié le 13/12/2023 à 12h48

Alors que le gouvernement a présenté son projet de loi pour constitutionnaliser l’IVG mardi 12 décembre, le ministère de la Santé ouvre la pratique de l’IVG instrumentale aux sages-femmes en milieu hospitalier. Cette méthode d’avortement jusque-là réservée aux médecins sera étendue aux maïeuticiennes après la publication, ce jeudi 14 décembre au plus tard, d’un décret. «Au-delà de la capacité qui leur est donnée de réaliser des IVG médicamenteuses depuis 2016, cette compétence nouvelle constitue une réponse forte aux difficultés d’accès», salue le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, dans un communiqué.

L’IVG médicamenteuse ne nécessite que la prise de deux médicaments successive pour avorter – un antiprogestérone et une prostaglandine –, l’IVG instrumentale, elle, est une opération chirurgicale. Après dilatation du col de l’utérus, l’embryon est aspiré à l’aide d’un petit tube (ou canule) introduit dans l’utérus. Cette opération est réalisée jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée (dernières règles), soit 14 semaines de grossesse après une anesthésie, locale ou générale. Votée dans la loi de février 2022 visant à renforcer le droit à l’avortement, cette nouvelle compétence accordée aux sages-femmes a été expérimentée pendant un peu plus d’un an dans 26 établissements pilotes. En visite mardi à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris, un des premiers établissements tests, la ministre chargée de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes, Bérangère Couillard, s’est réjouie de cette expérimentation nationale : «Ça se passe bien partout où je vais et sur le terrain les professionnels sont prêts.»

«Cela fait dix ans que je reçois des femmes en demande d’IVG en consultation et souvent les femmes me demandaient “ce sera vous le jour du bloc ?” Je suis très heureuse de pouvoir leur dire “ce sera moi” car il y a un accompagnement global», a déclaré Delphine Giraud, sage-femme coordinatrice de la «Maison des femmes» de la Pitié Salpêtrière à l’AFP.

«On donnera le droit à toutes les sages-femmes qui sont formées […]. J’espère qu’elles seront nombreuses, pour pouvoir pallier les difficultés, car il y a certains territoires où aujourd’hui l’IVG n’est pas possible parce qu’il y a un manque de praticiens», a souligné la ministre, citant notamment le département de la Mayenne. «Les dernières discussions sont en cours» sur les détails du décret, qui doit notamment préciser la formation nécessaire et les conditions d’exercice, a ajouté la ministre. Le texte paraîtra au plus tard ce jeudi, puisqu’il s’agit de la fin de l’expérimentation. Un premier projet de décret, qui réduisait le délai avant l’avortement, avait été critiqué fin novembre par les syndicats de sages-femmes.

Dans son communiqué, le ministère de la Santé annonce également avoir «décidé d’une revalorisation de 25 % des tarifs versés aux établissements de santé pour la réalisation des IVG, qui n’avaient pas été revus depuis 2016 et étaient significativement inférieurs aux coûts supportés par les établissements pour cette activité». Une annonce bienvenue à l’aube de l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.