Yann en parle comme d’«un autre monde dans le monde, où l’on est un peu oublié, où les règles sont différentes». Aujourd’hui encore, le Breton de 35 ans a «les flashs et le regret d’avoir vécu tout ça». De ses 4 à ses 15 ans, en raison de son infirmité motrice cérébrale, il fréquente le centre de rééducation de Kerpape, établissement privé à but non lucratif situé à Ploemeur, dans le Morbihan, où il bénéficie à la fois de soins et d’un suivi scolaire. Deux décennies plus tard, il reste profondément marqué par ce qu’il y a vécu.
Lors d’une séance de kiné, Yann s’écroule dans le couloir, en pleurs. Il a 13 ou 14 ans. En raison de malformations liées à son handicap, l’adolescent ne peut pas marcher trop longtemps. «Je n’arrêtais pas de dire à ma kiné que je voulais arrêter», affirme-t-il. «Allez, continue, continue !» répondait-elle. Des mois durant, il a obéi, mais là, il refuse de se relever. Il retire alors chaussettes et chaussures. La peau de ses pieds est à vif.
A 12 ans, il se tient devant un kiné et une vingtaine de stagiaires, en slip. Il ignore alors les intentions du professionnel. Pour expliquer à son auditoire l’infirmité motrice cérébrale dont est atteint Yann, le kiné souhaite déclencher une réaction musculaire symptomatique de son handicap, en le faisant sursauter. Lorsque Yann a la tête tournée, le kiné s’approche de son oreille et crie «PAAAAAH !» Le jeune garçon bondit et se tend. La démonstration est réussie. Le ressenti de Y