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«J’ai perdu mon boulot, dû arrêter le sport» : les vies impossibles de dizaines de patients opérés des hémorroïdes par un chirurgien de Besançon

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Au moins 40 personnes ont porté plainte contre un chirurgien proctologue bisontin, mis en examen depuis septembre avec interdiction d’opérer en raison de séquelles rapportées par des patients après ses interventions. Des expertises se déroulent depuis le début du mois de mai dans le cadre de la procédure pénale.
Le chirurgien encourt un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende – trois ans et 45 000 euros si la violation est couplée à une ITT de plus de trois mois. (Boy_Anupong/Getty Images)
publié le 26 mai 2025 à 8h20

Amélie (1) n’a pas encore 40 ans, mais des projets d’avenir, on devine qu’elle n’en a plus vraiment. S’asseoir par terre pour «jouer aux voitures» avec ses garçons, elle ne «peut plus». Ni se balader à vélo. Ni manger sans penser aux aliments à bannir – «chou, salade, tomates, riz…» Ni travailler. Ni se laisser inviter chez des amis. Ni passer une journée sans prévoir laxatifs et passages à la cuvette. «Ma vie, c‘est des allers-retours aux toilettes.» Elle se grille une cigarette. «J’en ai marre de cette putain de vie.» L‘enfer a commencé en avril 2018, après une opération des hémorroïdes. Pendant les six premiers mois, elle ne pouvait plus retenir ses selles et se douchait «15 à 20 fois par jour». Aujourd’hui, elle ne peut en évacuer que de très fines, qu’elle doit extraire avec ses doigts. Au début, elle l‘a caché. Même à son mari. «J’avais honte.» Il lui a fallu deux ans pour aller consulter ailleurs. Franc-Comtoise, elle a passé des examens à Dijon, puis Lyon. Là-bas, les médecins lui ont lâché ce qu’elle soupçonnait : «Votre opération a été loupée Aucune solution proposée n’a pour l‘heure réduit durablement ses problèmes.

Longtemps, Amélie a cru être un cas isolé. Que son corps avait mal réagi à une intervention banale, son chirurgien minimi