Amélie (1) n’a pas encore 40 ans, mais des projets d’avenir, on devine qu’elle n’en a plus vraiment. S’asseoir par terre pour «jouer aux voitures» avec ses garçons, elle ne «peut plus». Ni se balader à vélo. Ni manger sans penser aux aliments à bannir – «chou, salade, tomates, riz…» Ni travailler. Ni se laisser inviter chez des amis. Ni passer une journée sans prévoir laxatifs et passages à la cuvette. «Ma vie, c‘est des allers-retours aux toilettes.» Elle se grille une cigarette. «J’en ai marre de cette putain de vie.» L‘enfer a commencé en avril 2018, après une opération des hémorroïdes. Pendant les six premiers mois, elle ne pouvait plus retenir ses selles et se douchait «15 à 20 fois par jour». Aujourd’hui, elle ne peut en évacuer que de très fines, qu’elle doit extraire avec ses doigts. Au début, elle l‘a caché. Même à son mari. «J’avais honte.» Il lui a fallu deux ans pour aller consulter ailleurs. Franc-Comtoise, elle a passé des examens à Dijon, puis Lyon. Là-bas, les médecins lui ont lâché ce qu’elle soupçonnait : «Votre opération a été loupée.» Aucune solution proposée n’a pour l‘heure réduit durablement ses problèmes.
Longtemps, Amélie a cru être un cas isolé. Que son corps avait mal réagi à une intervention banale, son chirurgien minimi