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«J’ai retrouvé les yeux de mes 20 ans» : à Saint-Nazaire, un camion pour prévenir plutôt que guérir

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Dans l’optique de lutter contre les inégalités d’accès à la médecine, des professionnels de santé embarqués dans un fourgon ambulant vont à la rencontre des plus éloignés des soins. Le dépistage des troubles visuels s’improvise sur le parking du marché, à Saint-Nazaire.
Saint Nazaire, le 23 Avril, dans l'unité mobile de prévention de l'association A vos soins. (Théophile Trossat/Libération)
par Théophile Trossat, Photos et Rozenn Le Saint
publié le 1er mai 2024 à 15h36

Sur la place du commerce de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), entre les camionnettes d’où s’échappent des effluves de galettes complètes ou de poulet rôti, un poids lourd multicolore dénote en ce mardi d’avril, jour de marché. Baptisé MarSoins, pour «Mobilité, accès aux soins, réduction des inégalités aux soins», le véhicule aux portières décorées de dessins d’enfants est garé juste devant un stand de tissage d’assise de chaises. Ce dernier est tenu par l’oncle de Boris Legoff, grand gaillard de 55 ans qui passe saluer l’ancien et aperçoit la pancarte annonçant un dépistage visuel gratuit. Boris Legoff s’engouffre dans le camion : un cabinet médical y est aménagé.

C’est l’occasion de montrer ses yeux auxquels il tient d’autant plus qu’il a bien cru en perdre un en 1996, lors d’un match de rugby. Il a retrouvé la vue deux mois après le coup de tête et douze séances de rééducation chez l’orthoptiste. Il est reçu par Lilian Genouel, opticien chargé de la prévention pour le réseau mutualiste «Ecouter voir», mis à disposition pour assurer les détections vision proposées par le dispositif MarSoins.

Dans le cabinet exigu, il y a tout juste suffisamment de recul pour la lecture des fameuses lignes de l’alphabet. «Il serait temps que je change mes lunettes. Ça fait trois ans que j’ai les mêmes et je les ai tachées en bricolant à la maison. De la colle a giclé, heureusement les carreaux ont protégé mes yeux, raconte l’